Analyse du projet de Technocentre EDF (installation de valorisation de métaux très faiblement radioactifs) à Fessenheim (Haut-Rhin) : intérêt et incertitudes industrielles et scientifiques

, par   Thierry de Larochelambert

Le projet de technocentre EDF à Fessenheim fait suite à la possibilité récemment ouverte par le 5ème PNGMDR(1) de valoriser les déchets dits « très faiblement radioactifs » (TFA) provenant principalement du démantèlement d’installations nucléaires (réacteurs, usines d’enrichissement de l’uranium) dans des conditions de sécurité suffisantes en-dessous d’un seuil défini de libération et de réutilisation dans l’industrie sous forme de lingots d’acier, eux-mêmes très faiblement radioactifs. Cette libération des déchets TFA par recyclage dans des filières commerciales « conventionnelles », déjà pratiquée par d’autres pays nucléarisés, est autorisée par la directive Euratom 2013/59 avec un seuil d’activité radiologique massique fixé par élément radioactif encore présent dans les déchets sortants.
Ce projet est censé répondre à plusieurs problèmes liés au stockage des déchets TFA et apporter des gains économiques et environnementaux par rapport à d’autres solutions :
• forte réduction du volume des déchets TFA
• forte réduction des besoins en surface de stockage des déchets TFA sur le site du CIRES(2)
• possible meilleure analyse de cycle de vie par rapport au stockage sur le site du CIRES
• possible intérêt économique par revente des lingots
Cependant, le projet doit être analysé et évalué objectivement dans son ensemble, y compris dans ses objectifs de décontamination des métaux TFA en vue de leur réutilisation, en prenant également en compte toutes les alternatives possibles au technocentre lui-même, ainsi que les aspects physico-chimiques en jeu dans les techniques de fusion oxydante de métaux contaminés par radionucléides.
Cette contribution tente de répondre à cet objectif à partir des documents officiels mis à disposition du public sur le site du Débat Public sur le technocentre, des différents cahiers d’acteurs des parties prenantes (en particulier Andra, CEA, Orano, Académie des technologies, SFEN, ENSMN, GSIEN, Global Chance, FNE, Stop Fessenheim, etc.) et contributions versées sur ce même site, ainsi que des études et articles scientifiques internationaux publiés dans les revues à comité de lecture ou dans les conférences internationales portant sur les méthodes et les résultats des expériences de fusion des métaux contaminés dans le monde.


1. Plan National de Gestion des Matières et Déchets Radioactifs
2. Centre Industriel de Regroupement, d’Entreposage et de Stockage, géré par l’Agence Nationale des Déchets Radioactifs dans le département de l’Aube

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