L’échec de la conférence de La Haye en novembre 2000 est venu illustrer la situation paradoxale de la mobilisation collective contre les changements climatiques, avec, d’un côté, un cri d’alerte de plus en plus pressant de la part de la communauté scientifique, une connaissance de plus en plus précise des moyens de prévention à mettre en œuvre, et une prise de conscience croissante des opinions publiques occidentales, et, de l’autre, une impression de recul de la volonté publique, aussi bien au niveau national qu’au niveau international, comme si la connaissance paralysait l’action au lieu de la nourrir ! Face à cette impression d’immobilisme, voire de recul, il n’est que temps d’inverser la vapeur. Pendant qu’on ne fait rien, les gaz à effet de serre s’accumulent à grande allure, et chaque atermoiement rend l’action de prévention future plus difficile, son résultat plus incertain, et les conséquences du réchauffement plus lourdes, en particulier pour les pays les plus pauvres.
En 1997, les experts restaient encore prudents, à la fois sur la connaissance de l’évolution de la température moyenne de la planète au cours des dernières décennies, mais aussi sur la responsabilité des gaz à effet de serre dans cette évolution. Aujourd’hui les scientifiques sont unanimes à prédire un réchauffement de la planète de 1 à 3 degrés pour un doublement de la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Unanimes aussi pour considérer que le début de réchauffement de la planète, confirmé depuis le début du siècle et accéléré ces 10 dernières années, est bien compatible avec la prévision de leurs modèles et bien difficile à expliquer autrement qu’en en donnant la responsabilité aux émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, la description des conséquences sur les économies du réchauffement commence à se préciser et met en relief la très grande inégalité des pays les plus pauvres devant les risques encourus.
En 1997, la préoccupation du réchauffement du climat restait encore confinée aux scientifiques, aux grandes ONG d’environnement et aux pouvoirs publics. Quatre ans plus tard, la situation a bien changé. Le travail d’information des ONG et des média, et peut être surtout l’augmentation de fréquence des évènements météorologiques extrêmes (inondations, tempêtes sévères, sécheresses) au cours des dernières années, largement attribués (à tort ou à raison) au renforcement des émissions, ont brutalement rendu sensible aux opinions publiques la question du réchauffement climatique - même si ces opinions publiques ont encore quelque mal à faire le lien entre le réchauffement, les catastrophes et les activités humaines qui en seraient responsables.
Face à ceux nouvelles réalités, force est de constater que l’action publique reste entre deux rives. Si le discours de politique s’est enrichi d’un vocabulaire nouveau, à base de gaz carbonique, de principe de précaution, de permis négociables, etc. qui alimente les controverses politiques, en tout cas dans la plupart des pays occidentaux, les tentatives d’action restent balbutiantes, remises en cause à la moindre occasion, et par le moindre lobby, toujours reportées derrière d’autres priorités de court terme.
Il suffit pour s’en convaincre de voir la progression des émissions de la plupart des pays occidentaux depuis 1990 : + 26% pour la Nouvelle Zélande, + 20% pour l’Australie + 12% pour l’Amérique du Nord + 7,6% pour le Japon, + 2,2% pour l’Europe, alors qu’il s’étaient tous engagés à Rio à stabiliser leurs émissions en 2000 au niveau de 1990.Tout se passe comme si chacun comptait sur les économies d’émission (de 33%) qu’à entraîné l’effondrement des économies en transition au cours de la dernière décennie pour respecter les engagements qu’il n’a pas tenus !
En France même, les principales mesures du Plan national de lutte contre le changement climatique décidé en janvier 2000, sont remises en cause à chaque occasion, depuis l’abandon de la vignette automobile pour alimenter la baisse des impôts sur les ménages, à la remise en cause de l’écotaxe pour l’industrie en passant par celui de l’augmentation de la TIPP sous la pression des transporteurs et des automobilistes.
Cette impression d’immobilisme, voire de recul, est bien évidemment renforcée aux yeux de l’opinion par l’échec de l’étape de négociation que représentait la Haye.
On est donc devant un vrai paradoxe : un cri d’avertissement de plus en plus net des scientifiques, une connaissance de plus en plus précise des moyens de prévention à mettre en œuvre, une alerte, sinon une prise de conscience des opinions publiques occidentales et en même temps une impression de recul de la volonté publique, aussi bien au niveau national qu’au niveau international, comme si la connaissance paralysait l’action au lieu de la nourrir !
Il n’est que temps d’inverser la vapeur. Pendant qu’on ne fait rien les gaz à effet de serre s’accumulent à grande allure. Chaque atermoiement rend l’action de prévention future plus difficile, son résultat plus incertain, et les conséquences du réchauffement plus lourdes, en particulier pour les pays les plus pauvres. Il n’est que temps de dépasser les contradictions de court terme au niveau international pour conclure très vite l’après la Haye, dans une prise en compte dynamique positive et solidaire des exigences du long terme. Il est tout aussi important, pour nous citoyens, de faire en sorte qu’en France même, à chaque niveau de décision public, il se passe enfin quelque chose de significatif, de visible et de durable.
Éditorial : Sortir du paradoxe (pdf, 41 Ko) Benjamin Dessus (Global Chance)
Le contexte
Le bilan scientifique Parole d’experts : L’heure des surprises climatiques (pdf, 231 Ko) Robert T. Watson (président du GIEC) Croissance économique : Calculs dans le brouillard (pdf, 64 Ko) Ferenc L. Tóth (Postdam Institute for Climate Impact Research)
La saga de la convention De Rio à La Haye : Le dessous des cartes (pdf, 323 Ko) Benjamin Dessus (Ecodev-CNRS / Global Chance) et Michel Colombier (International Conseil Energie) Commerce et environnement : Le climat au défi de l’OMC (pdf, 208 Ko) Béatrice Quenault (Université de Troyes)
Négocier
L’analyse des négociateurs Vu de France : L’art (difficile) du compromis (pdf, 285 Ko) Entretien avec Michel Mousel (président de la Mission interministérielle de l’effet de serre) et Laurence Tubiana (membre du Conseil d’analyse économique) Un ministre vert : Le piège des puits (pdf, 93 Ko) Entretien avec Olivier Deleuze (secretaire d’Etat à l’Énergie et au Développement durable - Belgique) Vu du Brésil : Chacun pour soi (pdf, 87 Ko) José Goldemberg (Université de São Paulo)
Autour de l’hémicycle Micro-couloirs : Petits rituels de négociation (pdf, 303 Ko) Claire Weill (Mission interministérielle de l’effet de serre) ONG africaines : Climato-pessimisme (pdf, 171 Ko) Youba Sokona (Enda-Tiers monde) Éducation au climat : L’intelligence ne fait pas le lobby (pdf, 110 Ko) Entretien avec Yves Cochet (député vert du Val-d’Oise) Le Réseau Action Climat : Témoin actif mais pessimiste (pdf, 85 Ko) Entretien avec Sylvain Godinot (RAC France) Industrie : L’heure des permis (pdf, 158 Ko) Entretien avec Richard Armand (Entreprises pour l’environnement) Ciment : L’adaptation permanente (pdf, 161 Ko) Michel Picard (directeur de l’environnement du groupe Lafarge)
En France
Un bon plan ? Effet de serre : Des mesures minimales (pdf, 151 Ko) Bernard Laponche (consultant en politique énergétique) Un an d’application : Vrais faux départs (pdf, 191 Ko) Pierre Radanne (président de l’Agence de l’Environnement et de la maîtrise de l’énergie)
Les instruments Efficacité énergétique : Tout un programme (pdf, 130 Ko) extraits du programme d’efficacité énergétique Nouveaux outils : Des résultats décevants (pdf, 177 Ko) Thomas Guéret (Mission interministérielle de l’effet de serre) Écotaxe : Chronique d’une mise à mort (pdf, 216 Ko) Benjamin Dessus (Ecodev-CNRS / Global Chance) Industrie : La taxe par l’absurde (pdf, 82 Ko) Entretien avec Richard Armand (Entreprises pour l’environnement)
S’adapter
Les enjeux de l’adaptation Face au danger : Le pouvoir de l’homme (pdf, 146 Ko) Isabelle Biagiotti et Sarah Mongruel (Courrier de la Planète) Coopération : Rien de nouveau sous le soleil (pdf, 106 Ko) Joao Rooiman, (direction environnement et développement, ministère des Affaires étrangères - Pays-Bas)
Études de cas Bangladesh : Et le ciel t’aidera ? (pdf, 255 Ko) Saleemul Huq (International Institute for Environment and Development) Maldives : L’heure des barricades (pdf, 144 Ko) Simad Saeed (ministère de l’Intérieur, du Logement et de l’Environnement - République des Maldives) Pays-Bas : Les soldats de l’eau (pdf, 66 Ko) Sarah Mongruel (Courrier de la Planète) Camargue : Le bon recul (pdf, 144 Ko) Mireille Provansal (Université de Provence, Aix-Marseille) Camargue : Le mythe du delta éternel (pdf, 125 Ko) Bernard Picon (Laboratoire dynamique écologique et social en milieu deltaïque, CNRS) Assurances : Plaidoyer pour le développement durable (pdf, 67 Ko) Entretien avec Andrew Dlugolecki (ex-General Insurance Development)
Petit mémento des déchets nucléaires Éléments pour un débat sur les déchets nucléaires en France Les Cahiers de Global Chance, hors-série n°2, septembre 2005, 48 pages
Petit mémento des énergies renouvelables Éléments pour un débat sur les énergies renouvelables en France Les Cahiers de Global Chance, hors-série n°3, septembre 2007, 84 pages