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Ce livre a reçu le PRIX 2012 DU LIVRE ENVIRONNEMENT
de la Maison de la Nature et de l’Environnement de l’Isère
PRÉSENTATION
(source : 4ème de couverture)
Ce livre clair et concis démontre la nécessité et la possibilité d’en finir avec le nucléaire. Il commence par réfuter les arguments spécieux de ses partisans sur l’indépendance énergétique prétendue ; sur la sûreté et la sécurité, qui seraient un privilège unique de la technologie nucléaire française ; sur le coût du kWh nucléaire, largement sous-évalué ; sur les marchés étrangers juteux, fortement surestimés ; sur le contrôle grâce au nucléaire des émissions de gaz à effet de serre, marginal ; sur la question des déchets, nullement réglée. Il expose les raisons pour lesquelles il faut en sortir : le risque inacceptable d’un accident majeur dont les conséquences catastrophiques sont révélées par Tchernobyl et Fukushima ; la production de déchets radioactifs extrêmement dangereux pour des siècles et des millénaires ; l’utilisation et la diffusion de techniques permettant la prolifération des armes nucléaires. Il replace ensuite la sortie du nucléaire dans le cadre d’une transition énergétique que les inégalités de la consommation mondiale et les problèmes écologiques globaux rendent indispensable. Alors que la situation singulière de notre pays nous mène à l’isolement et à l’impasse, les auteurs proposent un scénario raisonné de sortie du nucléaire, fondé sur un autre mode de consommation et de production de l’électricité, et discutent les conditions politiques et sociales de la transition.
Benjamin Dessus
Ingénieur des télécommunications et économiste, il a travaillé à EDF, à l’Agence française pour la maîtrise de l’énergie (AFME) et au CNRS. Spécialiste reconnu des questions énergétiques, il préside actuellement Global Chance, association d’experts indépendants dans le domaine de l’environnement, de l’énergie et du développement.
Bernard Laponche
Polytechnicien, docteur ès sciences, il a travaillé au Commissariat à l’énergie atomique et été responsable syndical à la CFDT dans les années 1960 et 1970, puis directeur général de l’AFME et conseiller technique de Dominique Voynet. Il est maintenant consultant international dans le domaine de l’énergie.
TABLE DES MATIÈRES
Il est temps...
1. Déblayer le terrain
L’indépendance énergétique ?
Un coût imbattable ?
Émissions de gaz à effet de serre : un brevet de vertu pour la France grâce au nucléaire ?
Des marchés juteux ?
2. Pourquoi sortir du nucléaire ?
Qu’est-ce qu’un réacteur nucléaire ?
Comment la catastrophe peut-elle arriver ?
De la probabilité d’un accident majeur
Un accident majeur en France ?
Une situation aggravante pour la sûreté : le combustible MOX
Les déchets nucléaires : une question proprement réglée ?
La prolifération des armes nucléaires
3. Le monde vers la transition énergétique
L’énergie dans le monde
Un réseau serré de contraintes
Le futur impossible
Le nouveau paradigme énergétique
Le développement des énergies renouvelables
L’énergie dépend désormais de nouveaux acteurs
Qu’en conclure pour l’action ?
4. Les scénarios énergétiques
L’histoire de la prospective énergétique
Deux scénarios contrastés
La dynamique des énergies renouvelables
5. En France, sortir du nucléaire en vingt ans
Le silence de l’administration sur les alternatives
Un scénario de sortie du nucléaire à l’allemande ?
La question du coût d’une sortie du nucléaire
... N’attendons plus !
De l’obstination à la raison
Un programme ambitieux de réduction de la consommation électrique
Les énergies renouvelables et le réseau intelligent
L’organisation d’une retraite réussie du nucléaire français
Construire ensemble la transition énergétique
Annexe 1 - Bilan électrique de la France
Annexe 2 - Centrales et usines nucléaires en France
Annexe 3 - La radioactivité et ses effets
REVUE DE PRESSE
Documenté, pédagogique et précis
Michel Colombier, Natures Sciences Sociétés, 2012/4 (Vol.20), p. 501-503
« On en ressort convaincu par l’extrême urgence »
JNE-asso.org, le blog des Journalistes-écrivains pour la Nature et l’Écologie, 24 juin 2012
Interroger le bon sens et susciter le débat
Jean-Marie Gauthey, Alterener.com, 20 mars 2012
Changer d’approche pour en finir avec le nucléaire
Michel Bernard, Silence, n°398, février 2012
Terre à Terre : Sortir du Nucléaire
Ruth Stégassy, France Culture, émission du 14 janvier 2012
Invités : Bernard Laponche et Benjamin Dessus
Nucléaire : un plan de sortie sur 20 ans
Xavier Rabilloud, Sortir du nucléaire, n°52, hiver 2011-2012
Fin du nucléaire : oui on peut
Christian Baudelot, Laviedesidées.fr, 13 décembre 2011
Un scénario raisonné de sortie du nucléaire
Arnaud Jouve, Radio France International, 4 décembre 2011
L’illusoire modernité du nucléaire
Vincent Duclert, La Recherche, n°457, novembre 2011, rubrique « Le livre du mois »
De l’obstination à la raison : en finir avec le nucléaire
Jean-Paul Deléage, Écologie & politique, n°43, novembre 2011
Un ouvrage très convaincant
Antoine de Ravignan, Alternatives Économiques , n°307, novembre 2011
Les simulacres du nucléaire : des militants dénoncent les mensonges de l’État
Jean-Marie Durand, Les Inrockuptibles, 20 novembre 2011
Littérature post-Fukushima
Patrick Piro, Politis, n°1175, 4 novembre 2011
Toutes les bonnes raisons de lâcher l’atome
Laure Noualhat, Libération, 29 octobre 2011
Sortie du nucléaire : mode d’emploi
Fabrice Nodé-Langlois, Le Figaro, 27 octobre 2011
Bréviaire à l’usage des antinucléaires
Sabine Delanglade, Les Échos, 24 octobre 2011
Peut-on vraiment sortir du nucléaire ?
Guillaume Malaurie, Le Nouvel Observateur, 13 octobre 2011
Documenté, pédagogique et précis (titre : rédaction de global-chance.org)
Michel Colombier, Natures Sciences Sociétés, 2012/4 (Vol.20), p. 501-503
En finir avec le nucléaire : pourquoi et comment,
Benjamin Dessus, Bernard Laponche, Le Seuil, 2011, 176 p.
Ce court essai de Benjamin Dessus et Bernard Laponche renferme en réalité deux livres. Son objet premier est de proposer au lecteur un argumentaire étayé de la thèse des deux auteurs sur la nécessité, d’une part, et la faisabilité, d’autre part, d’une sortie du nucléaire en France – pays où cette énergie a connu son développement maximal. Au terme d’une année riche en événements trop vite commentés et instrumentalisés dans des affrontements stériles, cet ouvrage s’illustre par une approche documentée, pédagogique mais précise des termes de ce débat, à l’interface de questions techniques, économiques et sociétales.
Bien sûr, l’accident de Fukushima a irrémédiablement transformé le rapport que citoyens et responsables entretiennent avec la question nucléaire, en imposant la reconnaissance par tous, autorités de sûreté comprises, qu’un accident grave était possible chez nous aussi. Il y a, dans l’acceptation ou le refus de ce risque, un jugement individuel et une nécessaire élaboration collective. La proposition du livre est d’apporter des éléments de raisonnement sur trois interrogations incontournables :
1. Que nous apporte l’énergie nucléaire ?
2. Quels sont les risques et les difficultés de cette filière énergétique aujourd’hui ? Quels sont les progrès attendus dans les prochaines décennies ?
3. Peut-on penser la sortie du nucléaire dans un pays où il fournit 80 % de la production d’électricité ?
La première interrogation est l’occasion pour les auteurs de passer en revue, dès le chapitre 1, les affirmations connues de tous, mais rarement questionnées, dont l’énumération tient souvent lieu d’argumentaire. Comment évaluer la contribution de l’énergie nucléaire à l’indépendance énergétique de la France ? Comment apprécier les perspectives économiques de la filière, donc de coût pour les consommateurs d’électricité ? Quelle est la contribution de la production nucléaire à l’atteinte de nos objectifs en matière d’émissions de gaz à effet de serre ? D’autres éléments de discussion sont apportés plus avant dans le livre sur ce dernier point essentiel. On découvre ainsi que la contribution de l’énergie nucléaire à la lutte contre le changement climatique reste marginale à l’horizon 2050, dans les scénarios de prospective des grands pays comme dans ceux élaborés à l’échelle mondiale par l’OCDE. La résolution globale de la question de l’effet de serre et le développement de l’énergie nucléaire apparaissent donc comme deux propositions partiellement indépendantes.
Pour traiter de la seconde question, les auteurs s’autorisent un détour pédagogique sur les principes de fonctionnement des réacteurs, qui permet au lecteur non physicien de rassembler ses connaissances ou de les compléter au moment d’aborder l’exposé des différents risques : accident, prolifération, devenir des déchets. Des concepts et des catégories auxquels chacun a déjà été confronté prennent alors sens et s’organisent dans un tableau d’où il ressort que peu de progrès ont été faits depuis quarante ans que la filière a pris son essor industriel. Surtout, les dynamiques actuelles (un dossier « enfouissement » sans issue prévisible, une quatrième génération qui ne répond pas aux questions majeures de sûreté ou de nature des déchets, mais renforce le rôle du plutonium) ne semblent pas à la hauteur des interrogations récurrentes.
Peut-on, alternativement, envisager un avenir où les besoins en électricité du pays seraient satisfaits tout en renonçant progressivement à l’énergie nucléaire, fermant les centrales à mesure de leur arrivée en fin de vie prévue sans en construire de nouvelles ? Quelles sont les sources d’énergie qui nous permettraient d’assurer la relève ? Le troisième volet de l’argumentaire prend le contrepied de cette question, en apparence légitime, au profit d’une démonstration qui place la maîtrise de la demande d’électricité au cœur de la transition. Pour acquérir les marges de manœuvre qui permettront de recourir très largement aux énergies renouvelables (hydraulique, solaire, éolien, biomasse), elles-mêmes sources de nouvelles contraintes (espace et concurrence des sols, ressource en eau, disponibilité et coût), il convient de s’atteler aux gisements d’efficacité et de maximiser la valeur économique et sociale de l’énergie produite. Bien entendu, la démonstration est ici rapide, la demande traitée par grands agrégats et les solutions techniques seulement esquissées sur quelques exemples. Elle peut alors paraître fragile face à la complexité des transformations à mettre en œuvre, mais l’ambition annoncée semble raisonnable : sur la décennie à venir, un gain de 25 % d’efficacité sur les usages dits spécifiques (éclairage, électroménager, moteurs, etc.) quand, sur la décennie passée, l’Allemagne a réalisé un gain de 26 %par rapport à la France ; et une réduction de 60 % du recours au chauffage électrique traditionnel, spécificité française, par substitution ou introduction de technologies électriques performantes (pompes à chaleur). Surtout, c’est la méthode proposée pour évaluer cette transition qui marque un progrès conceptuel majeur sur les débats qui ont marqué l’année 2011 : construire des scénarios prospectifs alternatifs de maintien de l’option nucléaire et de sortie, rendre accessibles les hypothèses techniques et économiques qui sous-tendent ces projections et instruire sur ces bases un débat informé sur les choix possibles et leurs conséquences.
On prend alors conscience que, en arrière-plan de cet argumentaire, B. Dessus et B. Laponche nous ont offert un autre regard, permettant au lecteur d’appréhender le profond changement de paradigme qui, à l’aube du XXIe siècle, bouscule la compréhension du rapport entre nos sociétés et la question énergétique. Une passionnante rétrospective historique permet de retracer un demi-siècle de politique énergétique à la lumière des outils conceptuels utilisés pour penser cette relation. Sous la pression croissante des contraintes de ressource ou d’environnement, face à l’ambition de mieux répondre aux besoins fondamentaux de nos sociétés et en mobilisant différemment le progrès technologique, on prend progressivement la mesure de l’archaïsme d’un modèle uniquement fondé sur la concentration, les économies d’échelle et la fourniture d’énergie et de la possible émergence d’un modèle radicalement différent : mobilisation de nouveaux matériaux, des biotechnologies et des technologies de l’information propices à la fourniture d’un service énergétique déconcentré, inscrit dans les territoires. Il est encore difficile de mesurer la portée exacte de ce mouvement balbutiant, qui s’hybridera forcément avec l’organisation actuelle ; cela dit, l’essentiel est que la question énergétique s’émancipe en partie de la sphère technocratique traditionnelle, pour devenir non seulement un enjeu de société dont s’emparent citoyens et collectivités locales, mais aussi un espace d’activité économique innovant et fortement déconcentré. Essentiel également le fait que, dans ce mouvement global, les vieilles économies ne sont plus nécessairement pionnières et que les pays du Sud sont souvent dynamiques.
C’est dans ce contexte qu’il faut replacer la question initiale du livre et tenter d’apporter une réponse. L’ampleur du défi, ainsi que les potentialités de cette nouvelle révolution – après celle de la maîtrise du charbon (et du chemin de fer), celle du pétrole (et de l’automobile), celle de l’électricité (et des télécommunications) – peuvent véritablement motiver chaque chercheur, quel que soit son domaine, à s’interroger sur les mutations en cours et les questions qu’elles suscitent. Le livre de B. Dessus et B. Laponche est une introduction à ces sujets et certainement une invite à apporter sa contribution.
Michel Colombier
(IDDRI, Paris, France)
(haut de page) (sommaire revue de presse)
« On en ressort convaincu par l’extrême urgence » (titre : rédaction de global-chance.org)
JNE-asso.org, le blog des Journalistes-écrivains pour la Nature et l’Écologie, 24 juin 2012
Comme le titre l’indique, les auteurs prennent le parti d’une sortie du nucléaire explicitée et raisonnée. Les descriptions des mécanismes techniques et économiques sont claires avec pour objectif la déconstruction de cette industrie et la mise en avant des solutions de transition. Les deux auteurs, Bernard Laponche ancien ingénieur au Commissariat à l’Énergie Atomique et Benjamin Dessus ingénieur et économiste, président de Global Chance, se veulent convaincants et pédagogiques.
Ce livre ne se contente pas de surfer sur la peur du nucléaire réactivée par la catastrophe de Fukushima après celle de Tchernobyl, puisqu’il apporte de nombreuses réponses à des questions simples et de bon sens. On en ressort convaincu par l’extrême urgence de stopper le gaspillage énergétique et d’engager de vraies mesures d’économie.
À signaler : ce livre a reçu le prix du Livre Environnement par le Jury du 8e Prix du Livre Environnement organisé par la Maison de la Nature et de l’Environnement de l’Isère.
(haut de page) (sommaire revue de presse)
Interroger le bon sens et susciter le débat (titre : rédaction de global-chance.org)
Jean-Marie Gauthey, Alterener.com, 20 mars 2012
Dans l’ouvrage « En finir avec le nucléaire. Pourquoi et comment », les auteurs justifient la nécessité d’abandonner la technologie nucléaire pour produire de l’électricité. D’une lecture facile et pédagogique, l’ouvrage satisfera aussi bien le néophyte que les spécialistes des questions énergétiques.
À travers une mise en perspective de la problématique nucléaire finalement pas si dogmatique, ils souhaitent interroger le bon sens et susciter le débat. Leurs réponses ne sont pas aussi tranchées que le titre pourrait le laisser penser.
Ils combattent tour-à-tour les postulats de l’industrie nucléaire :
• L’argument selon lequel le nucléaire permet l’indépendance énergétique mériterait une analyse plus fine. En effet l’uranium est entièrement importé et la dépendance à 80% d’une filière et d’un seul type de réacteur (REP) constitue une vulnérabilité du système.
• La compétitivité du kWh nucléaire concerne le parc existant qui est largement amorti. En projection, il convient de tenir compte de frais de prolongement de la durée de vie des centrales ou de la création de nouvelles unités. La situation du nucléaire est paradoxale puisque l’expérience, l’effet de taille et de série ne permettent pas de juguler l’augmentation des coûts (notamment requis pour la sécurité). Les chiffres donnés par EDF d’une augmentation du tarif de +30% en quelques années paraît alors cohérent.
• Le nucléaire permet la réduction des émissions de CO2 mais de façon moins significative que l’industrie nucléaire promeut. Tout dépend de ce à quoi on le compare.
• Le nucléaire est resté un marché domestique avec 11 réacteurs exportés pour 58 construits en France. La concurrence paraît également difficile sur un marché qui s’avère moins porteur qu’envisagé.
• Les prévisions d’occurrence des accidents nucléaire s’avèrent largement sous évaluée. En comparant les objectifs de sureté nucléaire d’un millionième par réacteur par an à l’historique des accidents graves, on constate que le nombre d’accidents a été près de 300 fois supérieur à ce qui était attendu. Début 2011, il y avait 143 réacteurs en activités au sein de l’UE. La question du choix dans le cadre d’un risque aux conséquences considérables pour une probabilité d’occurrence proche de zéro a-t-il été bien posé aux citoyens ? Les auteurs mettent en avant le risque accru découlant de l’usage du MOX.
• Le retraitement des déchets nucléaires coûte cher et ne règle pas le problème. Le stock de plutonium en France continue de croître alors qu’il permettrait déjà d’équiper 9 500 bombes H. Il devrait fournir en combustible de futures centrales dont la construction est loin d’être acquise. La gestion des déchets ultimes n’est pas résolue et chaque pays adopte sa propre stratégie.
Selon les auteurs, le risque réel d’accident, le problème de gestion des déchets et le risque de prolifération du plutonium à des fins militaires imposent d’engager la sortie du nucléaire en France.
Ils exposent des scénarios pour appuyer la décision politique de substituer l’énergie nucléaire en s’appuyant sur des vecteurs principaux : la réduction de la consommation d’électricité et la lutte contre la précarité énergétique, la production d’ENR couplée à des réseaux ‘intelligents’, un arrêt progressif des centrales nucléaires, l’abandon de la production de plutonium, l’abandon de l’enfouissement en profondeur des déchets radioactifs, la création d’une filière du démantèlement performante et en point d’orgue une coopération internationale pour construire la transition énergétique.
Les auteurs poussent à changer de paradigme énergétique ; de passer d’une conception centrée sur l’offre à une concentration sur la demande énergétique en considérant la satisfaction des besoins énergétiques par des services énergétiques appropriés et les plus efficaces possibles. Alors qu’un Allemand consommait autant d’électricité qu’un Français en 1998, en 2009 sa consommation n’a presque pas augmentée alors que celle du Français a cru de +25%.
Le débat est donc ouvert sur des futurs possibles…
(haut de page) (sommaire revue de presse)
Changer d’approche pour en finir avec le nucléaire (titre : rédaction de global-chance.org)
Michel Bernard, Silence, n°398, février 2012
Les deux auteurs, l’un ayant travaillé à EDF, l’autre au CEA, sont d’excellents vulgarisateurs et ce livre est parfait pour ceux et celles qui s’inquiètent du nucléaire et qui n’ont pas les données de base. La première moitié de l’ouvrage rappelle ce que sont les réalités de cette énergie (loin des affirmations péremptoires de certains politiques ignares). La deuxième partie de l’ouvrage montre comment s’en passer. Pour cela les auteurs proposent un changement d’approche : partir des besoins des utilisateurs et non pas des moyens de production. Ensuite, miser sur la sobriété (peu consommer) et l’efficacité (quand on consomme on choisit ce qui est le plus performant) et enfin seulement, on développe tout un panel d’énergies essentiellement renouvelables. Les auteurs présentent en détail une sortie d’ici vingt ans... qui suppose quand même que nos réacteurs nucléaires vieillissent sans problème, un pari loin d’être gagné.
(haut de page) (sommaire revue de presse)
Terre à Terre : Sortir du Nucléaire
Ruth Stégassy, France Culture, 14 janvier 2012
Avec Bernard Laponche, consultant international dans le domaine de l’énergie et Benjamin Dessus, président de Global Chance, association d’experts indépendants dans le domaine de l’environnement et de l’énergie, coauteurs de « En finir avec le nucléaire : pourquoi et comment » (Le Seuil, 2011).
Télécharger l’émission (mp3, 6.2 Mo)
(haut de page) (sommaire revue de presse)
Nucléaire : une stratégie de sortie sur 20 ans (titre : rédaction de global-chance.org)
Xavier Rabilloud, Sortir du nucléaire, n°52, hiver 2011-2012
Dans ce livre, les deux experts reconnus ès-questions énergétiques que sont Benjamin Dessus et Bernard Laponche livrent leur analyse des raisons pour lesquelles il faut en finir avec l’énergie nucléaire, et proposent une stratégie de sortie du nucléaire sur une période de 20 ans, le dernier réacteur fermant en 2031. Ce plan de sortie est décrit de façon didactique, et s’accompagne d’éléments d’appréciation économique d’un vif intérêt.
Le livre apporte des éclairages précieux sur certains thèmes : les coûts du nucléaire, actuellement et dans la perspective de sa continuation ; l’histoire de la prospective énergétique et le lent changement de paradigme dans ce champ d’étude, qui voit aujourd’hui émerger enfin l’étude de la demande comme prioritaire sur l’étude de la production d’énergie.
(haut de page) (sommaire revue de presse)
Fin du nucléaire : oui on peut
Christian Baudelot, Laviedesidées.fr, 13 décembre 2011
Un livre qui tombe à pic. À l’heure où la question du nucléaire refait enfin surface dans le débat politique, il est important d’y voir clair. Et surtout de dépasser le niveau affligeant auquel les politiciens de gauche comme de droite cantonnent aujourd’hui le débat sur une question vitale pour notre société, bien sûr, mais aussi pour celles de tous nos voisins, les nuages radioactifs respectant rarement le tracé des frontières entre les États. Depuis des décennies, le débat démocratique sur l’énergie nucléaire est verrouillé, l’intervention citoyenne étouffée. Le domaine relève de la Raison d’État. Il est impossible et impensable de renoncer au nucléaire en France : la poursuite à l’identique de la politique nucléaire actuelle est inéluctable. Remettre en question ce dogme, c’est à la fois porter atteinte à la raison et à la patrie. Les citoyens ont de moins en moins la parole sur les sujets de société qui les concernent au premier chef.
Pourquoi sortir du nucléaire ?
Le grand mérite de Benjamin Dessus et de Bernard Laponche est d’offrir au citoyen ordinaire, dans un style simple et compréhensible, un plaidoyer rationnel, argumenté et solidement documenté en faveur de la sortie du nucléaire. Les cartes sont abattues dès la page de couverture : En finir avec le nucléaire mais le plus intéressant dans l’ouvrage ce n’est pas le titre mais ce qu’annonce le sous-titre : Pourquoi et Comment ?
Les deux auteurs sont des spécialistes reconnus des questions énergétiques. Ils ont respectivement travaillé à l’Edf et au Commissariat à l’énergie atomique avant d’occuper l’un et l’autre des postes de responsabilité à l’Agence française pour la maîtrise de l’énergie. Ils publient depuis une vingtaine d’années des ouvrages et des articles sur les dimensions à la fois technologiques et économiques de la question.
Les raisons d’en finir avec le nucléaire sont connues : elles ont trait à la protection de l’espèce humaine et de la planète. Rien de moins. Des accidents graves se sont produits à Three Miles Island, Tchernobyl et Fukushima. C’est une illusion de penser que le parc nucléaire français se trouve sur le long terme à l’abri d’une catastrophe du même genre, voire pire. D’autant que l’usage du mox comme combustible aggrave considérablement les risques. À supposer qu’il ne s’en produise pas, la gestion des déchets nucléaires est loin d’être réglée, sur le moyen, mais surtout sur le long terme. La propagation inconsidérée des technologies nucléaires risque aussi d’accroître fortement les risques de conflit, chantage ou d’agression nucléaire.
Les auteurs ne sont pas les premiers à le dire tant ce diagnostic est désormais une évidence. Au point que nos voisins immédiats, l’Allemagne, l’Italie, la Suisse et la Belgique ont renoncé ou sont en train de renoncer à une technologie comportant autant de risques pour les générations d’aujourd’hui et de demain.
Mais l’essentiel de l’ouvrage n’est pas là. Il est dans la richesse de la documentation et la pertinence de l’argumentation qui mettent à mal bien des certitudes établies. Entre autres l’idée fréquemment martelée que la France est trop engagée dans le processus pour envisager de sortir du nucléaire sans nous ramener à l’ère de la bougie. Une analyse serrée des coûts montre en effet que le bilan économique et social d’un scénario de transition énergétique et de sortie du nucléaire dans vingt ans est non seulement possible mais peut se révéler positif en termes de lutte contre la précarité et pour l’emploi.
Beaucoup des arguments avancés par les thuriféraires du nucléaire se révèlent être de purs mensonges, entre autres celui de l’indépendance énergétique que les centrales nucléaires assureraient de façon durable à notre pays. Curieusement, les bilans énergétiques officiels passent entièrement sous silence l’achat de l’uranium. Or cette matière nécessaire à la production d’énergie nucléaire est entièrement importée. Nous dépendons dans ce domaine du bon vouloir du Canada, du Niger et du Kazakhstan. Les scénarios de poursuite du nucléaire offrent ainsi plus d’aléas économiques et financiers que les scénarios de sortie du nucléaire. Et les coûts engendrés par la sortie ne sont pas nécessairement supérieurs à ceux d’un maintien du statu quo.
Les atouts de la transition énergétique
Ce sont ces scénarios positifs, clairement exposés, qui constituent la partie la plus neuve et la plus passionnante de l’ouvrage. Sans doute méritent-ils d’être discutés dans le cadre d’un débat à la fois scientifique et démocratique. Mais l’essentiel est qu’ils sont désormais mis à la portée d’un large public, sous une forme compréhensible par tous avec leurs avantages et leurs inconvénients, les premiers semblant de loin l’emporter.
Pour les auteurs, la transition énergétique repose sur trois principes d’action :
• La sobriété énergétique
• L’efficacité énergétique
• Le recours aux énergies renouvelables
Immense est encore en effet la marge de manœuvre constituée par les seules économies d’énergie réalisables par des réductions de consommation d’électricité. Sans qu’on s’en soit vraiment aperçu, depuis trente ans, la consommation d’énergie a diminué relativement dans les pays européens : entre 1979 et 2007, la consommation d’énergie par habitant n’a augmenté que de 6% alors que le produit intérieur brut par habitant a cru de 67 %. Ces économies proviennent en partie des modifications structurelles des économies des pays européens mais aussi de l’amélioration de l’efficacité énergétique, dans l’industrie et dans les bâtiments. D’immenses marges de manœuvre restent encore ouvertes. L’Allemagne s’est engagée dans cette voie depuis longtemps et les résultats sont là. Pas la France. Et pourtant ! En 1998, les allemands consommaient la même quantité d’énergie domestique par habitant que les français (950 kWh par habitant). Dix ans plus tard, ils en consomment autant et nous, 28 % de plus (1230kWh par habitant). Cet écart de 28 % de plus s’explique par une volonté politique allemande de maîtriser au mieux la consommation électrique des ménages par des politiques incitatives auprès des producteurs d’appareils, des taxes énergie et CO2, etc….
Les auteurs imaginent, à la fin du livre, ce que représenterait concrètement pour notre pays, année par année, un scénario de sortie du nucléaire à l’allemande. Scénario réaliste donc. La fermeture successive des réacteurs choisis en fonction de leur état et construits de 1977 à 1985 ferait baisser la production nucléaire de 409 TWh en 2009 à 180 TWh en 2020. Comment alors répondre aux besoins d’électricité de la population française en 2020 ? La priorité doit être donnée aux économies d’électricité dans les différents secteurs dont le résidentiel et le tertiaire qui représente à lui seul les deux tiers de la consommation électrique. Une politique volontariste d’économie d’électricité pourrait ainsi permettre de faire chuter le besoin de production d’électricité en France, de 516 TWh en 2009, à 390 en 2020 et 340 en 2031, tout en maintenant le confort des français. Des économies de l’ordre de 50 % sont possibles dans les domaines du chauffage domestique, de l’eau chaude sanitaire, du froid, de l’éclairage privé et public ; de la climatisation, de la bureautique, de l’électroménager, en particulier par une politique de rénovation thermique des bâtiments et une éradication progressive des chauffages électriques.
Le second volet du scénario concerne le remplacement du nucléaire. Les projections actuelles permettent de concevoir à l’horizon 2031 une production de 110 à 140 TWh d’éolien, de 40 TWh d’électricité biomasse, de 50 à 70 TWh de voltaïque, 10 à 20 d’autres renouvelables (géothermie, énergies marines, hydraulique… Bref, on pourrait y arriver ! Une chose est sûre et les auteurs ont raison de le rappeler dans leur conclusion : le splendide isolement de la France dans le domaine de l’énergie nucléaire risque de nous coûter très cher.
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Un scénario raisonné de sortie du nucléaire (titre : rédaction de global-chance.org)
Interview de Bernard Laponche par Arnaud Jouve, Radio France International, 4 décembre 2011
À l’heure où la France s’interroge sur la question du nucléaire après la catastrophe de Fukushima, et les différentes prises de positions sur cette question dans le débat électoral, un ouvrage clair et concis, En finir avec le nucléaire, pourquoi et comment, vient de paraître aux Editions du Seuil. Les auteurs, Benjamin Dessus et Bernard Laponche, deux grands spécialistes de l’énergie en France, proposent un scénario raisonné de sortie du nucléaire.
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L’illusoire modernité du nucléaire (titre : rédaction de global-chance.org)
Vincent Duclert, La Recherche, n°457, novembre 2011, rubrique « Le livre du mois »
Benjamin Dessus, ingénieur, économiste, président de l’association d’experts indépendants Global Chance, et Bernard Laponche, ancien ingénieur au CEA, ancien conseiller technique auprès de Dominique Voynet, aujourd’hui consultant sur les questions énergétiques, publient un court essai, dense et argumenté, qui devrait faire date pour ses qualités de réflexion, d’information et de prospective. Passons sur des défauts mineurs, dont la répétition de la formule « lobby du nucléaire » qui n’est jamais définie, ou bien l’occurrence de certaines formules à l’emporte-pièce pour résumer les argumentaires en faveur de l’énergie nucléaire. L’essentiel demeure : un ouvrage compréhensible, fondé sur une large documentation et des compétences techniques autant qu’économiques, et se saisissant des enjeux décisifs que rejette le nucléaire, surtout en France – à savoir l’invention d’une nouvelle croissance économique. Dépassant son sujet, il propose in fine une méthode d’élucidation de questions fermées pour lesquelles tout débat stratégique est récusé.
Constatant qu’en dépit de l’alerte majeure que constitue l’accident de la centrale de Fukushima le discours des autorités françaises sur le nucléaire ne s’est pas modifié, les auteurs proposent de reprendre l’ensemble du dossier. D’abord, ils réfutent les arguments en faveur de la poursuite de la production d’électricité d’origine nucléaire, grâce à la mobilisation d’une « analyse multicritères à décliner par source d’énergie » et d’une prise en compte de l’ensemble de la filière. Ils rappellent des évidences cachées. Ainsi, l’extraction de l’uranium, nécessaire au fonctionnement des centrales, rend la France beaucoup plus dépendante sur le plan énergétique que ne le présentent les bilans énergétiques classiques ; et elle alourdit l’impact sur l’effet de serre de cette électricité présentée comme propre. Son prix compétitif ne l’est plus avec l’obligation de renouveler le parc vieillissant des centrales, et de mettre en chantier de nouveaux réacteurs dits EPR. Le coût augmente aussi quand sont intégrés toutes les dépenses relatives au stockage et au retraitement des déchets – sans compter ce qu’implique d’enfouir durant des milliers d’années des résidus hautement radioactifs ou de stocker à l’usine de La Hague 80 tonnes de plutonium issues du retraitement des déchets – de quoi fabriquer 9500 bombes nucléaires. De toute manière, soulignent les auteurs, la question de l’issue finale des déchets radioactifs n’est toujours pas résolue, alors même que ceux-ci vont se révéler plus délicats encore à traiter avec le combustible MOX et toujours plus nombreux avec le remplacement des centrales françaises.
Une illusoire modernité
Le second niveau d’analyse repose sur le constat d’une faillite de la raison à l’œuvre dans la pensée du nucléaire civil (née du nucléaire militaire), et alors même que la certitude scientifique et technique constitue l’argument définitif opposé aux critiques. Les milieux du pronucléaire apparaissent incapables de penser l’avenir : penser la destination des déchets dits « ultimes » ; penser le démantèlement des centrales, bien plus complexe qu’annoncé ; penser les risques majeurs, quand aucun des trois accidents graves qu’a connu la production nucléaire (Three Miles Island, Tchernobyl et Fukushima) n’avait été imaginé dans les scénarios des ingénieurs. L’illusion de la modernité stérilise la pensée technique et scientifique de la même manière qu’elle justifie une fuite en avant énergétique, ressort d’un modèle de croissance dépassé, estiment les auteurs. La consommation brute d’énergie ne peut être le moteur de la croissance, pour des raisons environnementales certes, mais aussi économiques, sociales, politiques, et cela au niveau mondial. Le nucléaire s’est identifié à une logique qui ne peut admettre que la réduction intelligente de la consommation et la recomposition des réseaux d’énergie deviennent un ressort de la croissance des pays développés et une voie possible pour les pays émergents. Au terme de cet ouvrage idéaliste par raisonnement et pragmatisme, les auteurs présentent les éléments d’une sortie du nucléaire en vingt ans. En finir avec le nucléaire invite au débat citoyen refusé par les majorités politiques, mais qui se développe en dehors de nos frontières.
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De l’obstination à la raison : en finir avec le nucléaire (titre : rédaction de global-chance.org)
Jean-Paul Deléage, Écologie & politique, n°43, novembre 2011
L’objectif de ce livre clair et solidement argumenté est de démontrer la nécessité et la possibilité pour la France d’en finir avec le nucléaire. Car il est désormais absurde et dangereux de ne pas engager le débat sur cette question discutée sans tabou dans tous les grands pays industriels, au motif que notre pays est engagé dans un processus de production d’électricité qui serait irréversible. Les auteurs soulignent non sans ironie que la transformation de cette technique consistant « à faire bouillir de l’eau » en symbole de la grandeur de la France « laisse d’ailleurs pantois nombre d’observateurs étrangers qui ne comprennent pas pourquoi on en est arrivé là ».
Certes, cette hégémonie du nucléaire dans la production d’électricité en France est l’aboutissement d’un long processus amorcé dans l’immédiat après-guerre pour culminer dans les années 1970 à la suite du premier choc pétrolier, avec, d’une part, le lancement du « tout nucléaire », d’autre part, celui du surgénérateur Superphénix, et enfin l’extension démesurée du complexe de retraitement des combustibles irradiés de la Hague. Faiblesse relative des ressources fossiles et volonté d’affirmer la puissance nationale par la possession de l’arme nucléaire sont autant d’arguments connus mis en avant à l’époque du gaullisme triomphant et confortés par l’allié communiste dans ce combat douteux. Mais l’époque a changé et les auteurs reprennent à nouveaux frais l’analyse de cette aberration technologique, écologique et sociale, porteuse de surcroît de dangers graves et avérés après les catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima. Ce livre clair et percutant déploie son argumentaire en cinq points.
Le premier chapitre déblaie le terrain en démontant les arguments spécieux, voire carrément faux, des nucléocrates français. Et celui tout d’abord de l’indépendance nationale. En particulier, si l’on tient compte du fait que tout l’uranium utilisé dans les centrales françaises est importé, c’est-à-dire si l’on fait apparaître ce combustible dans la colonne des importations, le taux d’indépendance réel de la France n’est que de 8,9% ! À comparer avec celui calculé en 1975 où le taux officiel était de 26%. Les auteurs ajoutent que la dépendance au pétrole, soit 41% de la consommation énergétique finale de notre pays, reste porteuse de hauts risques qui n’ont été réduits en rien par le choix nucléaire. L’argument du prix avancé par Nicolas Sarkozy traitant d’irresponsables ceux qui demandent la sortie du nucléaire, est tout aussi fallacieux, car il ne tient compte ni des coûts de rénovation du parc vieillissant ni de ceux de la mise en chantier des EPR (European Pressurized Reactor), si l’on maintient l’option nucléaire. Rappelons la fabuleuse escalade des coûts de l’EPR en construction à Flamanville : 3,4 milliards d’euros en juillet 2008, 4 milliards en décembre 2008, 5 milliards en juillet 2010, 6 milliards en juillet 2011 ! À ces réalités tangibles s’ajoutent les impasses majeures sur la fin du cycle des combustibles, du stockage des déchets et celle plus inquiétante encore du démantèlement des centrales en fin de vie. Reste l’argument asséné sans cesse en vertu duquel nous ne pourrions faire autrement puisque nous « sommes prisonniers à 80% du nucléaire pour l’électricité ».
C’est précisément cet argument qui est traité dans le chapitre suivant, « Pourquoi sortir du nucléaire ? ». La question essentielle est ici celle des risques qui n’ont jamais été évalués correctement à l’origine par les promoteurs d’une énergie dont ils prétendaient faire un usage courant et commercial planétaire ! La prise de conscience de ces risques et le constat dramatique de leurs occurrences, ainsi que l’impossibilité de les maîtriser, conduisent logiquement à la sortie du nucléaire et cela pour trois raisons majeures selon les auteurs : le risque d’accident grave, la production de déchets radioactifs et la menace aggravée du risque de prolifération des armes nucléaires. À Fukushima, comme cela a été le cas à Tchernobyl, on verra les « ondes de dégradation de l’environnement, de la santé et de la vie humaine se propager dans le temps et dans l’espace ».
Comment réviser de façon radicale nos politiques énergétiques ? Telle est précisément la question à laquelle répond le chapitre « Le monde vers la transition énergétique », d’où il ressort qu’au niveau mondial, la consommation d’énergie primaire se répartit ainsi : 33% de pétrole, 28% de charbon et lignite, 21% de gaz naturel, 6% d’uranium, 10% de biomasse, 3% d’électricité primaire (hydraulique, etc.) et 0,2% de chaleur primaire (géothermie et eau chaude solaire) ; 82% de cette consommation est d’origine fossile. Les énergies renouvelables ne représentent que 13%, dont 10% proviennent de la biomasse. La dimension mondiale recouvre de grandes disparités, de 20 (États-Unis) à 1 (Afrique subsaharienne). La poursuite de la politique énergétique actuelle est dans l’impasse, car soumise à quatre contraintes : les contraintes économiques et celles relatives aux ressources, à la sécurité et à l’environnement, avec, à l’horizon proche, la menace du réchauffement climatique. Ce « futur impossible » n’exige rien moins qu’un changement de paradigme énergétique passant par le concept de maîtrise de l’énergie en termes de consommation. Ce nouveau paradigme englobe l’offre et la demande assurant les meilleurs services énergétiques assumant la solidarité entre pays riches et pauvres et convergeant vers la sobriété et la durabilité au niveau planétaire. En Europe, « les programmes d’efficacité et d’économie d’énergie et d’électricité devront systématiquement accompagner [ceux] de développement des énergies renouvelables ». Que les promoteurs de ces énergies par essence diffuses aient systématiquement mis l’accent sur leur développement local ne doit pas faire oublier la nécessité de projets de grande taille, ni celle pour les villes et les collectivités locales de devenir des acteurs majeurs par leur action sur la demande. Dans cette nouvelle démarche, reposant sur un réseau horizontal maillé et interactif, les concepts d’énergie citoyenne et d’énergie partagée, y compris pour le financement des projets par les collectivités territoriales et les individus eux-mêmes, « sont le gage de la réappropriation de la question énergétique par les citoyens ».
Comment cheminer vers des sociétés sobres en énergie ? Les auteurs insistent sur deux choix très contrastés : le scénario NOÉ et celui de l’AIE (Agence internationale de l’énergie) dit « 450 ppm ». S’ils donnent des résultats équivalents du point de vue du changement climatique, « ils divergent profondément sur le degré de confiance dans le progrès scientifique et technique, dans le dogme de la croissance économique […], enfin dans l’aspect négociable ou non de “notre” mode de vie, celui des couches aisées des populations des pays riches ». Celui de l’AIE repose sur le trépied : captage et stockage massif du gaz carbonique dans le sous-sol terrestre, qui soulève des doutes considérables ; programme non moins ambitieux d’énergies renouvelables s’appuyant sur une production d’agrocarburants très contestable ; enfin, relance massive du nucléaire permettant de passer à une capacité mondiale installée de 1 350 GW en 2050 contre 375 GW en 2010. Ce qui supposerait un rythme de construction d’une cinquantaine de réacteurs par an, avec l’accès au nucléaire civil de nouveaux pays et les risques corrélatifs d’accidents ainsi que ceux de dissémination et de prolifération à des fins militaires. Ce type de vision de l’avenir est donc problématique car « il cumule les paris de la pleine réussite technico-économique de technologies encore à l’état de prototypes, d’une dynamique très rapide d’implantation de ces technologies et de leur acceptation sans faille par les sociétés ». Dans la même veine se situe le projet ITER basé sur la fusion nucléaire dont le physicien Sébastien Balibar, pourtant favorable au nucléaire, a dit non sans ironie : « On nous annonce que l’on va mettre le Soleil en boîte. La formule est jolie. Le problème, c’est que l’on ne sait pas fabriquer la boîte. »
Face à ces cauchemars productivistes, les scénarios de type NOÉ donnent clairement la priorité « à la résorption des inégalités, la sobriété énergétique individuelle et collective portant une attention particulière aux infrastructures, habitat, urbanisme, transports » ainsi qu’à « l’organisation de la production et des échanges […] ». Il s’agit de mettre un terme au mitage périurbain et à l’impératif généralisé de la vitesse. « C’est la notion de service de mobilité de l’ensemble de la population qui domine […] plutôt que celle de propriété et de vitesse individuelle des véhicules. » Dans le même ordre d’idées, NOÉ suppose une relocalisation des circuits de production et de distribution « qui favorise la proximité et la décentralisation indispensables à la maîtrise de l’énergie ». Les auteurs, qui rejettent le concept intéressé et à la mode de croissance verte, s’inquiètent en revanche du « renforcement des inégalités et des plans technologiques irréalistes » dont la foi dans le mirage nucléaire est sans doute la plus tenace et paradoxalement la plus déraisonnable dans le pays de Descartes.
Pour conclure, les auteurs montrent, en termes aussi précis que convaincants, en quoi la solution énergétique la plus sérieuse pour notre pays est la sortie du nucléaire d’ici une vingtaine d’années, en passant enfin de l’obstination à la raison. Aucune question n’est ici évitée pour l’organisation d’une retraite réussie du nucléaire français, en tout cas préférable au repli panique difficilement évitable après un accident grave. Et tout lecteur attentif devrait comprendre que l’intelligence consiste à se rallier au mot d’ordre « N’attendons plus ! » qui conclut ce livre de théorie et de combat.
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Un ouvrage très convaincant (titre : rédaction de global-chance.org)
Antoine de Ravignan, Alternatives Économiques , n°307, novembre 2011
Benjamin Dessus et Bernard Laponche sont deux spécialistes reconnus des questions énergétiques. Le premier est ancien chercheur au CNRS. Le second, polytechnicien, a travaillé au Commissariat à l’énergie atomique et dirigé l’Agence française de maîtrise de l’énergie. Autant dire que le propos est solidement argumenté.
L’un des principaux mérites de ce livre est, au-delà de l’analyse des risques, de décortiquer les vrais coûts du nucléaire. Ils sont bien plus élevés que ce que l’on annonce habituellement, car il faut prendre en compte, en France en particulier, les investissements futurs nécessités par le remplacement de centrales désormais âgées, par le renforcement de la sécurité après Fukushima, par le démantèlement des installations en fin de vie, sans même parler des impacts d’un éventuel accident grave. À cette aune, la sortie du nucléaire en une vingtaine d’années, qui passe par une maîtrise de la consommation d’énergie et le déploiement d’énergies alternatives représente un investissement du même ordre de grandeur que le maintien du statu quo. Sans perte de confort et avec beaucoup moins de risques et beaucoup plus d’emplois à la clé. L’ouvrage, de lecture aisée, est très convaincant.
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Les simulacres du nucléaire : des militants dénoncent les mensonges de l’État
Jean-Marie Durand, Les Inrockuptibles, 20 novembre 2011
Il faut développer d’autres formes d’énergies. Selon les militants, c’est possible. Ils dénoncent les mensonges proférés au sommet de l’Etat depuis des décennies.
Ils n’ont rien vu à Fukushima : les responsables politiques français restent aveugles face aux dangers du nucléaire. Pour eux, il n’y en a guère et ils se comportent comme s’il était possible d’en maîtriser les risques. Depuis les années 50, le puissant lobby du nucléaire a imposé des dogmes dont les militants antinucléaires tentent tant bien que mal de déconstruire les présupposés. De l’association Sortir du nucléaire au livre des ingénieurs Benjamin Dessus et Bernard Laponche, En finir avec le nucléaire, tous dénoncent les mensonges proférés au sommet de l’État et des entreprises (EDF, Areva...).
Non, contrairement à la légende, le nucléaire ne garantit pas l’indépendance énergétique de la France (lors des pointes de consommation, nous sommes obligés d’importer massivement de l’électricité) ; non, notre électricité n’est pas bon marché grâce au nucléaire ; non, le nucléaire ne permet pas de lutter contre le changement climatique (en réalité, à investissement équivalent, certaines énergies renouvelables sont jusqu’à onze fois plus performantes que le nucléaire pour réduire les gaz à effet de serre) ; oui, le nucléaire a fait beaucoup de victimes dans l’histoire (près d’un million de morts dus à Tchernobyl entre 1986 et 2004, selon un rapport de l’Académie des sciences de New York !) ; non, sortir du nucléaire, ce n’est pas revenir à la bougie, mais au contraire se plier à la nécessité de l’époque...
Laponche et Dessus rappellent que « jusqu’ici, à part la décision en 1981 de ne pas construire la centrale nucléaire à Plogoff et, en 1998, celle du gouvernement de la gauche plurielle d’arrêter définitivement Superphénix, le soutien sans faille des gouvernements français au programme électronucléaire n’est pas facile à expliquer, surtout à des étrangers, effrayés ou fascinés selon les cas, par cette étonnante exception française. »
La France reste le dernier pays inconditionnel de l’utilisation massive de l’énergie nucléaire, à l’inverse, par exemple, de l’Allemagne qui a approuvé le 6 juin 2011 la sortie du nucléaire d’ici 2022. Avec 75% de son électricité issue de la fission nucléaire, la France est proportionnellement le pays le plus nucléarisé au monde. Un choix politique absurde lorsqu’on prend la mesure de l’absence de solution pour gérer les déchets radioactifs, du désastre écologique du chauffage électrique, ou bien sûr du risque d’accident grave.
Grâce à trois axes essentiels - sobriété et efficacité énergétiques, énergies renouvelables -, la transition énergétique est possible en vingt ans. Les solutions existent : remplacement du nucléaire par les énergies renouvelables et, à titre transitoire, par les énergies fossiles ; amélioration du rendement énergétique du système électrique en récupérant la chaleur perdue grâce au recours à la cogénération ; diminution des appareils électriques ; politique délaissant les usages thermiques de l’électricité... Choix non démocratique imposé aux citoyens depuis des décennies, qui appelle décidément plus que jamais une réappropriation citoyenne de la question écologique : c’est le sens du manifeste Pour une VIe République écologique, lancé par Dominique Bourg et des chercheurs. La démocratie écologique est inséparable d’un renouveau de la démocratie tout court.
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Littérature post-Fukushima
Patrick Piro, Politis, n°1175, 4 novembre 2011
Plusieurs ouvrages stigmatisent l’entêtement français pour l’atome, alors que l’accident japonais a changé la donne.
Le débat sur l’avenir du nucléaire a rendez-vous avec les échéances de 2012. Enfin, semblent dire plusieurs auteurs qui se sont récemment saisis de la bête. La catastrophe de Fukushima, le 11 mars dernier, est évidemment à l’origine de ces sorties d’ouvrages. Opportunes, mais pas opportunistes : on ne peut pas soupçonner Benjamin Dessus, Bernard Laponche, Corinne Lepage ou le réseau Sortir du nucléaire, pour citer les principales plumes, d’avoir tenté un coup éditorial.
Certains alignent depuis plus de deux décennies leurs arguments pour dénoncer le nucléaire, et principalement sa déclinaison hexagonale : la France est le pays le plus nucléarisé au monde, ses réacteurs produisent près de 80% de son électricité. Un cas unique sur la planète, qui a conduit les gouvernements successifs et les industriels du secteur à constituer une forteresse verrouillée par le secret d’État.
Tout est biaisé, orienté, enjolivé dans le discours des autorités depuis le lancement du programme électronucléaire dans les années 1970, soulignent les auteurs : le prix du kilowattheure français (« le plus bas d’Europe »), l’atout économique et industriel supposé pour le pays, le coût exhaustif de la filière, le gain sur les émissions de CO2, la gravité réelle de dizaines d’incidents, l’évaluation de la sûreté des installations, les « garanties » concernant la « gestion » de déchets légués à des centaines de générations futures… Au fil des pages, surgit le sentiment, pour la première fois dans la brève aventure du nucléaire civil, que les évaluations malhonnêtes, l’opacité maximum et l’arrogance d’une caste sont sur le point d’être jugées par l’histoire en marche. Avant, les critiques se fracassaient sur le consensus politique et économique. Depuis, l’événement majeur qu’est Fukushima l’a fortement ébranlé, et elles émergent d’un coup comme un réquisitoire compréhensible par le grand public.
Les auteurs rappellent bien sûr le passif, déjà suffisamment lourd à leurs yeux, mais surtout ils lèvent la chape, et jettent un doute nouveau et immense dans les esprits : la France n’est pas à l’abri d’un accident du calibre de Fukushima.
(...)
Benjamin Dessus et Bernard Laponche, auteurs d’En finir avec le nucléaire, pourquoi, comment, n’y vont pas par quatre chemins. L’ouvrage est implacable, pas tant par la plume que la calculette : les deux experts démontent la machine du nucléaire par sa face chiffrée, supposée la plus lisse. Il faut parfois s’accrocher un peu pour suivre l’entreprise, mais elle est souvent jubilatoire, comme ce coup de projecteur sur un scénario 2020 du ministère de l’Industrie, qui se contorsionne pour justifier « l’indispensable » EPR. Deux apports saillants dans cet ouvrage très convaincant. Tout d’abord, l’évaluation des probabilités d’occurrence d’un accident nucléaire grave, à la base du dogme de la sûreté de la filière : un « Fukushima » était impensé par les théoriciens du nucléaire. À cette aune, un accident grave devient statistiquement quasi certain en France !
Ensuite, les auteurs présentent un scénario de sortie totale du nucléaire sous deux décennies. Il est envisageable de se passer, et assez rapidement, d’une filière qui produit les trois quarts de l’électricité française. Grâce à une transition aux hypothèses lourdes mais de bon sens et dépourvues de miracles technologiques. Tout d’abord, il faut capter toutes les économies possibles dans les bâtiments, qui consomment les deux tiers de l’électricité, dont l’énorme gisement du chauffage électrique, absurdité hexagonale. Puis pousser à l’utilisation d’appareils performants, comme l’Allemagne en montre le chemin. Pour produire l’électricité, les auteurs ne « demandent », jusqu’en 2020, que la réalisation des promesses (raisonnables) du Grenelle pour le déploiement des énergies renouvelables ; la fermeture des réacteurs les plus dangereux ou vétustes aura alors déjà réduit la production nucléaire de moitié. En 2031, plus de centrales, et s’il faut en passer par la construction de turbines à gaz pour quelques années durant, les émissions de CO2 sont maîtrisées grâce à la réduction continue de la consommation, véritable sésame de cette transition.
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Toutes les bonnes raisons de lâcher l’atome
Laure Noualhat, Libération, 29 octobre 2011
Depuis Fukushima, il en pleut des livres sur l’atome. Certains défendent l’option nucléaire envers et contre tout, d’autres tentent de prouver qu’on peut se passer des centrales dans un futur proche. C’est le cas de cet ouvrage modeste, clair, argumenté et bref. Écrit par Benjamin Dessus et Bernard Laponche, deux experts énergétiques indépendants, il démontre, chiffres à l’appui, que le prix du kilowattheure n’exploserait pas nécessairement si l’on se passait de nos vieilles centrales ; que les niveaux de concentration de CO2 augmentent aussi dans les pays nucléarisés ; que les probabilités d’accident sont plus nombreuses que l’on ne croit ; que l’option française du retraitement est industriellement inefficace ; que la croissance de la demande en énergie n’est pas une fatalité ; que la demande en services énergétiques est affaire de politique et de comportement ; que des scénarios énergétiques sobres existent et n’attendent qu’une volonté politique pour être mis en œuvre… Bref, qu’il est envisageable d’en sortir.
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Sortie du nucléaire : mode d’emploi (titre : rédaction de global-chance.org)
Fabrice Nodé-Langlois, Le Figaro, 27 octobre 2011
En finir avec le nucléaire. Le titre de l’essai a le mérite d’être clair. Davantage qu’un pamphlet, cet ouvrage à quatre mains se veut un mode d’emploi d’une sortie du nucléaire de la France, réalisable, selon ses auteurs, en vingt ans.
Dans la galaxie des antinucléaires, le duo Dessus et Laponche compte parmi les historiques. Parmi les plus sérieux aussi, admettent volontiers leurs adversaires nucléophiles. Le premier est économiste, passé par EDF. Le second, polytechnicien, a travaillé au CEA et au cabinet ministériel de Dominique Voynet.
Passons sur les arguments dénonçant le risque nucléaire, que Fukushima a certes renforcés, mais qui sont les plus connus, pour s’attacher à la démonstration économique, appuyée sur pléthore de chiffres.
Propositions argumentés
Dessus et Laponche commencent par remettre en cause le coût du nucléaire. Selon eux, le prix compétitif du kilowattheure atomique tient insuffisamment compte du coût du démantèlement, de la gestion des déchets, et du renforcement de la sûreté post-Fukushima.
Leur scénario de sortie du nucléaire s’appuie sur un gros effort d’économies d’énergie centré sur les secteurs tertiaire et résidentiel qui devrait compenser le recours accru à des centrales à énergie fossile.
Sur le chiffrage de leur scénario, Dessus et Laponche, sans esquiver cet aspect essentiel du dossier, passent un peu rapidement. les auteurs estiment que les économies d’énergie peuvent compenser la facture. Le devenir de l’industrie nucléaire et de ses milliers d’emploi n’est pas en revanche au cœur de leurs préoccupations.
Au total, leurs propositions sont loin d’être farfelues et fort argumentées. Reste que pour être mis en œuvre, leur scénario suppose un très fort volontarisme politique à l’échelle nationale, et au niveau européen, une coordination effective des politiques énergétiques. Le choix de l’Allemagne, qui aura à court terme des effets au-delà de ses frontières, montre le chemin à parcourir.
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Bréviaire à l’usage des antinucléaires
Sabine Delanglade, Les Échos, 24 octobre 2011
Quoi de plus utile qu’un bréviaire lorsqu’on aborde une guerre de religion ? La question du nucléaire s’est invitée dans la primaire, elle le sera dans la campagne. Une par une, les auteurs de « En finir avec le nucléaire » s’efforcent de faire tomber les assertions des « pros » dans un ouvrage où les « anti » pourront affûter leurs arguments. À l’heure où l’Allemagne organise sa sortie d’ici à 2022, ils rappellent qu’il s’agit d’une affaire de longue haleine, qui va de pair avec une recherche active des économies d’énergie. On en est loin. Voici dix ans, les Allemands consommaient autant d’électricité domestique que nous, ils sont toujours au même niveau et les cigales françaises à 28% de plus. Mais pourquoi cette sortie est-elle si nécessaire ? La sécurité d’abord, bien sûr. Fukushima a montré que même les pays les plus avancés technologiquement n’étaient pas à l’abri du risque. Le rehaussement des conditions de sécurité, en imposant de nouveaux investissements, fera chuter l’atout d’une électricité moins chère, argument que, de toute façon, les auteurs contestent. Tous ces chiffres détaillés par l’ouvrage feront partie du débat, comme leur mise à mal de la supposée indépendance nationale ainsi procurée, du chiffrage « officiel » du prix du démantèlement ou du manque de clarté de l’avenir des déchets. Ceux-ci seraient donc moins bien enfouis que la réalité des coûts d’une industrie trop confinée. L’ouvrage est clair et bien mené. Ne restent aux « pros » qu’à reprendre la plume !
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Peut-on vraiment sortir du nucléaire ?
Guillaume Malaurie, Le Nouvel Observateur, 13 octobre 2011
Deux collectifs d’experts présentent leurs feuilles de route pour une France sans nucléaire dès 2030. Mais ne sous-estiment-ils pas le coût de cette révolution ?
Le 15 septembre, une très vieille certitude française s’effondrait lorsque Martine Aubry annonçait qu’il fallait "sortir du nucléaire et ne pas rester à mi-chemin". Fukushima oblige, nos 58 réacteurs célébrés depuis quarante ans ne valaient brusquement plus un clou. Bons pour la casse. Un vrai culot. Sauf que les premiers travaux pratiques sont moins bluffants. Surtout quand Aubry explique que la fermeture de nos centrales sera compensée par les surplus... des éoliennes allemandes !
« En finir avec le nucléaire »
Normal : notre classe politique n’avait jamais réfléchi sérieusement à une hypothèse postnucléaire. Mieux vaut se tourner vers les deux équipes d’énergéticiens qui viennent de présenter les scénarios détaillés d’une transition radicale. D’abord le collectif négaWatt, qui a mis à jour une étude datant de 2006. Ensuite il convient de lire En finir avec le nucléaire (Seuil), signé par Benjamin Dessus et Bernard Laponche, les deux animateurs de l’association Global Chance. Les uns et les autres sont formels : entre 2030 et 2035, les dernières centrales peuvent mettre la clé sous la porte... et les machines à laver des Français continueraient de tourner.
Le négawatt
Bien. Mais comment éliminer ce nucléaire qui fournit 75% de notre électricité ? Une proportion unique au monde : en Allemagne, c’est 22% et seule la Corée arrive à 30%. Faut-il miser sur des technologies futuristes ? Pas seulement. Car, réalisme oblige, il faut prendre en compte les 7 millions de résidents français supplémentaires dans quarante ans, « soit l’équivalent de la région Rhône-Alpes ». Le Graal, ce serait le kilowattheure que l’on... ne consomme plus (le négawatt, justement) ! Un « gisement colossal », assurent les experts, puisqu’il permettrait à la France de passer d’une consommation de 516 térawattheures par an aujourd’hui à 340 en 2031. Une réduction drastique à laquelle les énergies renouvelables connues, renforcées par un programme ambitieux de méthanisation des déchets agricoles et de l’agroforesterie, seraient alors en mesure de faire face.
Les Allemands consomment 27% d’électricité en moins
Sorcellerie ? Phantasme vert ? Pas si sûr. D’abord parce que les Allemands ont montré qu’existaient des marges substantielles d’économie. Eux consomment déjà 27% de moins d’électricité que les Français, grâce à des normes plus exigeantes et à un tarif électrique plus onéreux. Pareil pour la performance énergétique de leurs logements, de 20% supérieure à la nôtre. Une civilisation de la sobriété, qui sera de toute façon nécessaire à mettre en oeuvre pour anticiper l’épuisement des énergies fossiles et réduire les émissions de gaz à effet serre.
Le prix du kilowattheure nucléaire multiplié par deux
Consultant chez Carbone 4 et coordinateur du rapport de Terra Nova Maîtriser l’énergie, Alain Grandjean estime que ces scénarios « sobres » sont loin d’être surréalistes. « Le livre de Benjamin Dessus et Bernard Laponche, confie-t-il, a le grand mérite de poser les questions sans tabou et de chiffrer la mutation. » Grandjean refuse notamment d’utiliser l’argument massue des partisans du nucléaire, qui font valoir les 13 centimes/kWh ultracompétitifs de l’atome. Selon lui, « le lancement de Flamanville, le vieillissement des réacteurs et les nouvelles normes de sécurité suite à Fukushima devraient multiplier au moins par deux le prix du kilowattheure nucléaire ». Soit à parité avec l’éolien terrestre. Et si le photovoltaïque reste aujourd’hui deux à quatre fois plus cher, ses coûts dégringolent de 7% par an.
« Une sous-estimation des masses budgétaires »
Là où les scénarios de sortie du nucléaire coincent, selon Grandjean, c’est sur le rythme de la transition : « Moi, je crois que c’est jouable avec ou sans EPR pour 2050. Mais en seulement deux décennies, le risque de recourir massivement au gaz est très sérieux. Nous serions alors à la merci d’une flambée des prix. » La seconde objection, la plus lourde, c’est celle du coût. « Il y a, je crois, une sous-estimation des masses budgétaires considérables à déplacer pour diminuer la consommation d’électricité. Quand Dessus et Laponche économisent 95 térawattheures, ils évaluent l’investissement à 5 centimes le kilowattheure évité alors qu’il est au moins quatre fois plus cher. »
Autre exemple : la rénovation thermique du bâti. « Pour réussir l’objectif note Alain Grandjean, il faudrait passer très rapidement du rythme de 100 000 logements rénovés actuels par an à... 1 million. » La facture finale ? C’est 500 milliards d’euros !
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À VOIR ÉGALEMENT SUR LE SITE DE GLOBAL CHANCE
(encadrés = résumés au survol)
Publications de Global Chance
L’énergie en France et en Allemagne : une comparaison instructive
Les Cahiers de Global Chance, n°30, septembre 2011
Nucléaire : le déclin de l’empire français
Les Cahiers de Global Chance, n°29, avril 2011
Du gâchis à l’intelligence. Le bon usage de l’électricité
Les Cahiers de Global Chance, n°27, janvier 2010
Dossiers thématiques
Climat : n’oublions pas le méthane !
Rapports, analyses, tribunes, interviews, etc. :
Les travaux de Global Chance et de ses membres sur le mésusage du concept de « PRG »
Fukushima : réactions en chaîne
Tribunes, analyses, interviews, etc. :
Les réactions des membres de Global Chance face à la catastrophe nucléaire de Fukushima
Nucléaire : par ici la sortie !
Rapports, analyses, tribunes, interviews, etc. :
Les propositions de Global Chance et de ses membres pour, enfin, sortir du nucléaire
Dossier clos le 31 décembre 2012
Accidents nucléaires : de l’improbable à l’imprévisible
Rapports, analyses, tribunes, interviews, etc. :
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Gaz de schiste : miracle ou mirage ?
Rapports, analyses, tribunes, interviews, etc. :
Ls contributions de Global Chance et de ses membres au débat sur les gaz de schiste
Nucléaire : une indépendance énergétique en trompe-l’œil
Rapports, analyses, tribunes, interviews, etc. :
Global Chance et ses membres dénoncent le mythe d’une « énergie 100% nationale »
Nucléaire : quand la facture explose...
Rapports, analyses, tribunes, interviews, etc :
Le débat sur les coûts réels du nucléaire vu par Global Chance et ses membres
Bure : ceci n’est pas un débat public
Contributions, analyses, vidéos....
Global Chance et ses membres dans le « débat public » sur le projet Cigéo