Pendant et après la seconde guerre mondiale, les pays désireux de se doter de l’arme nucléaire, « la bombe atomique », États-Unis, URSS, Royaume-Uni, France et plus tard Chine, mais pas le Canada, ont procédé au traitement chimique ou « retraitement » des combustibles usés ou « irradiés » issus des réacteurs nucléaires pour en extraire le plutonium.

En France, ces opérations de retraitement ont été initialement réalisées dans l’usine UP1 (UP : usine plutonium) de Marcoule, maintenant en cours de démantèlement, avant que la première usine de La Hague ne prenne la relève dans le courant des années 1960. C’est un décret du 10 août 1961 qui a déclaré d’utilité publique et urgents ses travaux de construction. Les premiers retraitements commencent en mai 1966.

Cette première usine de La Hague était constituée de quatre INB (installations nucléaires de base), INB 33 (UP2-400), INB 38 (STE 2), INB 47, et INB 80 (HAO). Ces INB sont à leur tour en cours de démantèlement depuis leur arrêt définitif au début des années 1980.

Pendant les années de fonctionnement de cette première usine de La Hague, d’importants volumes de déchets issus du retraitement ont été entreposés en vrac dans des conditions précaires, dans des silos, voire des tranchées de pleine terre. Près de 60 ans après le démarrage des dizaines de milliers de tonnes de déchets n’ont toujours pas fait l’objet d’une reprise et d’un conditionnement adéquats malgré de très nombreux rappels à l’ordre de l’Autorité de sûreté (ASN).

Le présent rapport dresse l’historique et l’état des lieux de ces déchets à partir de différentes décisions de l’ASN, de rapports de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et de diverses informations fournies par l’exploitant, actuellement ORANO.

Alors que le gouvernement français a annoncé en février 2024 sa volonté de poursuivre le retraitement au-delà de 2040, il est indispensable que les différentes décisions de l’ASN soient enfin respectées, éventuellement en imposant des sanctions financières, afin de garantir la sûreté des opérations de démantèlement et de conditionnement des déchets des anciennes installations du site de La Hague

Pour lire cet article :