Les mesures envisageables sont présentées par secteur d’activités [3] et nous nous intéressons ici au secteur de l’énergie, pour lequel la grande majorité des émissions de GES proviennent actuellement de la production d’électricité (pages 69 à 72).
Ces textes incluent des appréciations du groupe de travail sur les principales phrases en tête des paragraphes, indiquées entre parenthèses et en italique. Les annotations en fin de paragraphes font références aux tableaux, figures ou paragraphes du rapport complet.
Nous présentons ci-dessous les paragraphes relatifs à la production d’électricité d’origine nucléaire, tout en recommandant de lire l’ensemble de ce rapport.
1. TEXTE EN FRANÇAIS [4]
TS.3.2 MESURES SECTORIELLES ET TRANSVERSALES POUR LA REDUCTION DES EMISSIONS DE GAZ A EFFET DE SERRE (GES)
TS.3.2.2 Le secteur de l’énergie
Le secteur de l’énergie est le plus grand contributeur aux émissions mondiales de GES (preuves solides, accord élevé).
Les émissions annuelles mondiales de GES du secteur de l’énergie ont augmenté plus rapidement entre 2000 et 2010 que dans la décennie précédente ; leur taux de croissance annuel est passé de 1,7 % par an sur la période de 1990 à 2000 à 3,1% par an sur la période 2000 - 2010. Les principaux contributeurs à cette tendance sont une demande croissante pour les services de l’énergie et une part croissante de charbon dans le mix global de combustibles. Le secteur de l’énergie, tel que défini dans le présent rapport, comprend tous les processus d’extraction de l’énergie, de conversion, de stockage, de transport et de distribution qui fournissent l’énergie finale aux secteurs d’utilisation finale ( industrie, transports, bâtiments , agriculture et sylviculture). [7.2, 7.3 ]
…
Le secteur de l’énergie offre une multitude d’options pour réduire les émissions de GES (preuves solides, accord élevé).
Ces options comprennent : l’amélioration de l’efficacité énergétique et la réduction des émissions fugitives dans l’extraction des combustibles ainsi que dans la conversion de l’énergie [5], le transport et les systèmes de distribution de l’énergie ; la substitution entre combustibles fossiles [6] des combustibles fossiles encore présentes et leur remplacement par des alternatives à faibles émissions de GES (preuves solides, accord élevé).
Les concentrations de CO2 dans l’atmosphère ne peuvent être stabilisées si les émissions globales nettes de CO2 atteignent un pic et diminuent vers zéro dans le long terme. Améliorer les rendements énergétiques des centrales à combustibles fossiles et, ou le passage du charbon au gaz ne seront pas par elles-mêmes des mesures suffisantes pour atteindre cet objectif. Les technologies d’approvisionnement à faibles émissions de GES seront nécessaires pour atteindre cet objectif (Figure TS.19). [7.5.1, 7.8.1, 7,11]
…
L’énergie nucléaire est une technologie mature à faibles émissions de GES pour la production de l’électricité en base, mais sa part dans la production mondiale d’électricité est allée en diminuant (depuis 1993). L’énergie nucléaire pourrait apporter une contribution croissante à l’approvisionnement en énergie à faibles émissions de carbone, mais une variété d’obstacles et de risques existent (preuves solides, accord élevé ). (Figure TS.19 )
L’électricité d’origine nucléaire représente 11 % de la production d’électricité dans le monde en 2012, en baisse d’un sommet de 17 % en 1993. La prise en compte financière des externalités des émissions de GES (affecter un prix au carbone) pourrait améliorer la compétitivité des centrales nucléaires. [7.2 , 7.5.4 , 7.8.1 , 7,12 ]Les obstacles et les risques liés à une utilisation accrue de l’énergie nucléaire comprennent les risques opérationnels et les problèmes de sécurité associés, les risques des mines d’uranium, les risques financiers et réglementaires, les questions de gestion des déchets non résolues, les problèmes de prolifération d’armes nucléaires, et une opinion publique défavorable ( preuves solides , accord élevé ). (tableau RT.4 ) .
De nouveaux cycles de combustible et les technologies de réacteurs traitant certaines de ces questions sont en cours de développement et des progrès ont été réalisés concernant l’élimination de la sécurité et des déchets. L’analyse des scénarios d’atténuation des émissions telles que les concentrations ne dépassent pas 580 ppm d’équivalent CO2, a montré que l’exclusion de l’énergie nucléaire dans le portefeuille des technologies disponibles se traduirait seulement par une légère augmentation des coûts d’atténuation par rapport à la gamme complète des technologies disponibles (Figure TS.13 ) . Si d’autres technologies, telles que le CCS, sont limitées [7], le rôle de l’énergie nucléaire est plus important. [ 6.3.6 , 7.5.4 , 7.8.2 , 7.9 , 7.11 ]. »
2. COMMENTAIRE
Le GIEC note que le secteur de l’énergie est le plus grand contributeur aux émissions mondiales, du fait principalement de la production d’électricité et souligne que ce secteur offre de très nombreuses options pour réduire ses émissions.
Parmi ces options, le GIEC retient tout naturellement la production d’électricité d’origine nucléaire qui, bien que les émissions de GES de l’ensemble de ses activités ne soient pas nulles, sont très inférieures à celles de la production d’électricité d’origine fossile (essentiellement à partir du charbon et lignite et du gaz fossile [8]).
Mais le GIEC ne fait pas de cette technologie une option privilégiée, bien au contraire, car il sait très bien que le niveau des émissions de GES (en l’occurrence le CO2) est loin d’être le seul critère pour le choix d’une technologie énergétique et il souligne :
– Que la part du nucléaire dans la production mondiale d’électricité a décru depuis 1993 et n’est que de 11% en 2012 [9].
– Que le déploiement de cette technologie se heurte à de nombreux obstacles et risques : sécurité opérationnelle (risque d’accident), gestion des déchets, accroissement des risques de prolifération, risques financiers et réglementaires et enfin une opinion défavorable de la part des citoyens.
On notera d’ailleurs que les trois premiers risques ainsi énoncés sont très précisément ceux qui ont conduit l’Allemagne à sa décision de « sortie du nucléaire ».
Ce qui est particulièrement intéressant dans le texte du GIEC est la phrase suivante :
« L’analyse des scénarios d’atténuation des émissions telles que les concentrations ne dépassent pas 580 ppm d’équivalent CO2, a montré que l’exclusion de l’énergie nucléaire dans le portefeuille des technologies disponibles se traduirait seulement par une légère augmentation des coûts d’atténuation par rapport à la gamme complète des technologies disponibles ».
Le GIEC est donc extrêmement prudent, voire très réservé, dans son jugement et on ne peut en aucune façon prétendre qu’il soutient l’option nucléaire dans la lutte contre les changements climatiques.