La promesse de l’exportation de réacteurs nucléaires de construction française a été et reste l’un des principaux arguments des entreprises du secteur et des pouvoirs publics en faveur de la poursuite de programmes ambitieux de production d’électricité d’origine nucléaire, selon l’adage historique « tout électrique, tout nucléaire ».
A l’orée du XXIème siècle, alors que ces mêmes promoteurs proclamaient l’imminence de la « renaissance du nucléaire », la France, pouvoir politique et entreprises, lança une vaste offensive de promotion du « nucléaire français », concentrée essentiellement sur le réacteur EPR. Les premiers projets, un réacteur en Finlande et un en France, arrachés par l’annonce de performances techniques et économiques extraordinaires, accumulaient retards et augmentation vertigineuse des coûts, tandis que les deux réacteurs construits en Chine s’en sortaient un peu mieux et finissaient par démarrer en 2019. De longues négociations aboutissaient enfin au lancement en 2019 de la construction très contestée d’un EPR au Royaume-Uni, construit par EDF pour EDF.
A part ces cas qui coûtèrent et coûteront très cher aux Français, la période de 2005 à 2020, loin de la renaissance annoncée, a été marquée par une série d’échecs dans la stratégie d’exportation dont les plus importants sont ceux de l’EPR aux Etats-Unis, aux Emirats Arabes Unis et en Inde jusqu’ici, et celui du réacteur ATMEA en Turquie.
Cet article présente la chronique des illusions perdues en suivant année après année le déroulement de cette stratégie, sous la forme d’une revue de presse des annonces, des promesses, voire des certitudes rapportées par les média, qu’elles proviennent des entreprises elles-mêmes ou du sommet de l’Etat.
Cette chronique n’est pas une « sélection » d’échecs choisis par l’auteur mais le récit complet de l’application d’une stratégie : il n’y a eu aucune exportation de réacteur de construction française sur cette période.