Climat : les enjeux de Copenhague

, par   Pierre Radanne

Mini-dossier : les négociations climat à Copenhague, vues par Pierre Radanne, Président de l’association 4D (Dossiers et Débat pour un Développement Durable)

introduction

Organisée à Copenhague du 7 au 18 décembre 2009, la 15ème session de la Conférence des Parties à la Convention Climat a pour objectif de donner une suite au protocole de Kyoto. Adopté en 1997 à l’issue de la 3ème Conférence des Parties, celui-ci ne couvre en effet que la période d’engagement 2008-2012 : confrontée au péril climatique, la communauté internationale doit désormais penser et construire l’après-Kyoto.
Cette négociation s’inscrit dans le cadre du « Plan d’action de Bali », adopté en 2007 à l’issue de la 13ème session de la Conférence des Parties. Prenant acte des conclusions du quatrième rapport du GIEC, cette ‘feuille’ de route reconnaissait qu’« il faudra fortement réduire les émissions mondiales en vue d’atteindre l’objectif ultime de la Convention ». Dans cette perspective, le « Plan d’action de Bali » fixait les grandes lignes des deux années de négociations à venir, avec pour objectif la conclusion d’un accord international à Copenhague en décembre 2009.
Les enjeux de ce sommet sont donc majeurs : pour s’en tenir à leur déclinaison la plus connue du grand public, il s’agit ni plus ni moins que de contenir le réchauffement climatique à + 2°C au cours du XXIème siècle, et, pour cela, de réduire de moitié les émissions mondiales de GES d’ici 2050, ce qui implique une diminution d’un facteur 4 pour les pays industrialisés, avec pour ces derniers un objectif intermédiaire compris entre –25 et –40% dès 2020.
Mais un pessimisme croissant s’est répandu à l’approche du rendez-vous de Copenhague, car les divergences et les tensions croissantes opposant les États participant aux négociations se sont révélées au grand jour, faisant douter de la possibilité que cette grande messe climatique débouche comme initialement prévu sur la conclusion d’un accord post-Kyoto.

C’est dans ce contexte que nous proposons sur le site de Global Chance un nouveau mini-dossier consacré aux négociations climat vues par Pierre Radanne. Ce dernier, qui appuie actuellement les pays francophones, notamment africains, dans le cadre des négociations, est en effet l’auteur de plusieurs publications de fond sur les enjeux de Copenhague, sans compter un certain nombre d’articles courts et d’interviews.

Pour Pierre Radanne, une réussite à Copenhague passe par des engagements universels, ambitieux et crédibles :
• Universels, parce que le climat est « un bien public mondial indivisible », ce qui signifie que « le changement climatique est le premier enjeu politique planétaire à solidarité obligatoire. »
• Ambitieux, car « pour atteindre les objectifs du GIEC, les pays industrialisés doivent réduire leurs émissions de 85% pour 2050 » tout en proposant aux pays en développement un « compromis “action contre argent” » afin de les aider à s’engager dans « un scénario de développement alternatif ».
• Crédibles, c’est-à-dire accompagnés par « des programmes d’action nationaux structurant leur mise en œuvre, adaptés à la réalité de chaque pays, et supervisés par la communauté internationale », quitte à accepter « un changement d’horizon temporel, avec un double butoir à 2020 et 2030 » afin de permettre à des pays comme les États-Unis de rattraper leur retard.

Toutefois, face au pessimisme croissant à l’approche de la conférence et à la crainte que celle-ci ne débouche pas sur un véritable traité mais sur une simple déclaration politique, Pierre Radanne souligne qu’« un accord à tout prix à Copenhague, au prix d’un vidage de sa substance, ne servirait pas l’intérêt général : on sacrifierait l’avenir de la planète contre le gain politique éphémère d’un succès diplomatique en trompe-l’œil. »
Pour le Président de l’association 4D, l’essentiel, dans la perspective de la conférence de Mexico en décembre 2010, est « que Copenhague, à défaut d’arriver en gare, mette au moins la négociation sur les bons rails. » [1]

Global Chance

contributions de pierre radanne

• L’IEPF (Institut de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie) a publié au cours de l’année 2009 une série de trois « notes de décryptage » dont la rédaction a été coordonnée par Pierre Radanne. Ces notes poursuivent un triple objectif : « aider chacun à comprendre les enjeux des négociations de [Copenhague] en essayant, dans la mesure du possible, d’éviter le jargon trop technique ; décrire l’état d’avancement de tous les points de négociation sachant qu’ils constituent des repères et des bases de travail qui évolueront fortement ; éclairer les points possibles de convergence qui pourraient faciliter un accord. » Publiée juste avant la Conférence de Copenhague, la plus récente et la plus exhaustive de ces trois notes est intitulée Négociations internationales sur le climat pour le régime post-2012 [2] (pdf, 100 pages, 2.7 Mo). Un Résumé à l’intention des décideurs (pdf, 18 pages, 336 Ko) en a été fait, ainsi qu’une version anglaise (Climate Change – Negociating the post-2012 regime – pdf, 88 pages, 1.8 Mo). Elle a été précédée d’une première note, publiée en juin 2009 et intitulée Note de décryptage Bonn II, qui fait le bilan des négociations après la réunion préparatoire organisée à Bonn du 27 mars au 8 avril, et d’une seconde note, publiée fin septembre 2009 et intitulée En route vers Copenhague [3], qui fait le point sur les « enjeux et avancées des négociations internationales à la veille de la Conférence de Bangkok » (avant-dernière réunion préparatoire, 28 septembre - 9 octobre).

• La Fondation Terra Nova a publié début décembre une note de Pierre Radanne intitulée La négociation climat à l’ouverture du sommet de Copenhague. Cette publication avait été précédée, le mardi 10 novembre 2009, par une conférence de Pierre Radanne autour de la question : « Qu’attendre du sommet de Copenhague ? ». Il est possible de voir la vidéo de la conférence sur le site de Terra Nova ou sur DailyMotion. Sont également disponibles la présentation powerpoint (pdf, 1.9 Mo) de Pierre Radanne ainsi que le compte-rendu de la conférence (pdf, 112 Ko).

• Au nombre des contributions de Pierre Radanne, il convient aussi de mentionner les multiples entretiens accordés à divers medias. Sans prétendre à l’exhaustivité, signalons par exemple : Avant Copenhague : l’impasse ?, (Terra Eco, 26 août 2009), Les enjeux de Copenhague - Discussion croisée entre Yannick Jadot Pierre Radanne (interview vidéo postée sur le site Mediapart le 14 octobre 2009), Le sommet de Copenhague va-t-il servir à quelque chose ? (interview vidéo postée sur le site Bastamag le 29 octobre 2009), Climat : « la situation reste globalement bloquée », e24, vendredi 6 novembre 2009), Comprendre les enjeux de la conférence de Copenhague (interview vidéo postée sur le site Mediapart le 30 novembre 2009), « Des engagements plus sincères qu’élevés » (La Voix du Nord, 7 décembre 2009), « Les négociations ne se concluront pas à Copenhague » (Nord Éclair, 8 décembre 2009), « Nos dirigeants sont face à l’Histoire » (Terra Eco, 9 décembre 2009)...

• Enfin, Pierre Radanne, activement impliqué dans les négociations, anime en direct de Copenhague un blog mis en place par la revue La Recherche. L’objectif de cette initiative est de « proposer différents parcours de lecture pour cet évènement aux multiples enjeux. » Il s’agit en particulier d’explorer des questions « situées au carrefour de la diplomatie, de la culture, de la philosophie et des nouvelles technologies » : La lutte contre le réchauffement climatique doit-elle être considérée comme un fardeau ? Quels sont les enjeux liés aux choix technologiques, énergétiques, ou agricoles ? Où en est la réflexion sur nos modes de vie futurs ? Comment les sociétés se perçoivent-elles face au problème du réchauffement ? Qu’en est-il des questions de gouvernance mondiale ? Sommes-nous en mesure de choisir notre destin ? [4]

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