Suite à la parution le 18 juin 2009 dans Politis d’une tribune intitulée « Claude Allègre : question d’éthique », l’hebdomadaire dirigé par Denis Sieffert et les auteurs de cette tribune (dont Benjamin Dessus, président de Global Chance) sont attaqués en diffamation par Claude Allègre. Dans le contexte actuel de battage autour des théories climato-sceptiques, cette affaire revêt une importance particulière. Un certain nombre de médias s’en sont donc fait l’écho, comme l’atteste la revue de presse proposée sur cette page.
Global Chance
Donnez un coup de souris sur le mammouth et signez la pétition de soutien !
Sur cette page :
L’affaire dans les médias (revue de presse)
Dernières nouvelles : Allègre jette l’éponge ! (20 septembre 2012)
Le clin d’œil du webmestre (L’intestin du mammouth, clé des climats du passé ?)
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revue de presse
Allègre attaque Politis
Denis Sieffert, Politis, jeudi 25 février 2010
Claude Allègre attaque Politis
Denis Sieffert, Politis, jeudi 20 mai 2010
Allègre en procès contre l’hebdomadaire Politis
Laure Noualhat, Six pieds sur Terre, jeudi 20 mai 2010
Allègre contre Politis, le baroud du déshonneur
Denis Delbecq, Effets de Terre, vendredi 21 mai 2010
Le journal Politis attaqué par Claude Allègre
Julien Kostrèche, TerraEco.net, vendredi 21 mai 2010
Claude Allègre porte plainte contre Politis
Adéquations, vendredi 21 mai 2010
Allègre poursuit Politis pour une affaire vieille de trente ans
Sophie Verney-Caillat, Rue89, mardi 25 mai 2010
Soutien à Politis contre Claude Allègre
Olivier Bonnet, Plume de presse, dimanche 30 mai 2010
Climato-susceptible : Claude Allègre contre Politis
Manuel Domergue, Alternatives Économiques, n° 292, juin 2010
Le Président de Global Chance attaqué pour diffamation par Claude Allègre
Comité de Liaison des Énergies Renouvelables, mardi 1er juin 2010
Allègre vs Politis
Nouveau Parti Anticapitaliste, samedi 5 juin 2010
Une tribune de Politis sur Claude Allègre publiée au mauvais moment
Capucine Cousin, www.20minutes.fr, mardi 15 juin 2010
Allègre attaque Politis (suite)
Denis Sieffert, Politis, jeudi 30 août 2012
Allègre jette l’éponge !
Denis Sieffert, Politis, jeudi 20 septembre 2012
Allègre se débine, profitons-en !
Jacques Testart, SciencesCitoyennes.org, lundi 24 septembre 2012
À lire également sur le site de Global Chance, les comptes-rendus de la réunion publique « Politique, médias et science : le cas Allègre » organisée le 15 juin 2010 au Théâtre de l’Est Parisien.
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Allègre attaque Politis
Denis Sieffert, Politis, jeudi 25 février 2010
En qualité de directeur de la publication de Politis, j’ai reçu récemment une convocation de la préfecture de police en exécution d’une commission rogatoire délivrée par un juge du tribunal de grande instance de Paris. Cette convocation est la conséquence d’une plainte déposée, avec constitution de partie civile, par Claude Allègre pour diffamation publique. L’objet du délit allégué est une tribune libre publiée par notre journal dans son numéro du 18 juin dernier. Le texte, titré « Claude Allègre, question d’éthique », portait la signature de huit personnalités du monde scientifique et universitaire : l’économiste Geneviève Azam ; le cofondateur du Cedetim, Jean-Yves Barrère – aujourd’hui décédé ; le fondateur d’Alternatives économiques, Denis Clerc ; Benjamin Dessus, spécialiste du nucléaire et président de Global Chance ; Jean Labrousse, ancien directeur de la météo nationale ; Gus Massiah, ex-président du Crid ; Michel Mousel, ancien délégué aux risques majeurs ; et le biologiste Jacques Testart. Que du beau monde ! Tous scientifiques, économistes, journalistes de renom, connus pour leur rigueur et leur sérieux. Que leur reproche – que nous reproche – Claude Allègre ? On ne sait pas trop encore aujourd’hui. Il appartiendra au juge, dans un deuxième temps, de nous le dire. Il y a fort à parier que l’ancien ministre de l’Éducation nationale de Lionel Jospin n’est pas content du rappel d’un certain nombre de « mésaventures » rencontrées au cours de sa déjà longue carrière politico-scientifique.
Et, en particulier, de l’évocation de zones d’ombre dans l’affaire de la Soufrière, en juillet 1976, en Guadeloupe. À l’époque, le géophysicien Claude Allègre avait eu maille à partir avec le grand volcanologue Haroun Tazieff. À partir d’analyses par la suite vivement contestées, Claude Allègre avait conclu à l’imminence d’une éruption majeure. Point de vue démenti par Tazieff… et par les faits. Dans cette affaire, ce n’est pas tant l’erreur scientifique elle-même que la rétention de certaines données contredisant sa thèse qui a été reprochée à Allègre.
Les auteurs de la tribune parue en juin dernier dans Politis ne manquaient pas de citer sources et témoins à l’appui de leur propos. Mais pourquoi un tel rappel de faits datant de trente-trois ans dans Politis ? Parce qu’en juin dernier il était fortement question que Claude Allègre entre au gouvernement de François Fillon. Une sorte d’Éric Besson issu du monde scientifique, en quelque sorte. Pour Nicolas Sarkozy, un « bon coup » politique avec cet ex-ministre ex-socialiste. Comme on le sait aujourd’hui, l’affaire ne s’est pas faite. Le rappel des controverses qui ont émaillé la carrière de ce scientiste jouant volontiers de la provocation a-t-il troublé les plans gouvernementaux ? C’est possible, d’autant que nous n’avons pas été les seuls à rappeler les coups d’éclat pas toujours glorieux de Claude Allègre.
Au fond, l’attaque d’Allègre contre notre journal est plutôt un nouvel avatar de son éternelle croisade scientiste contre la science. Claude Allègre est surtout l’homme qui conteste les conséquences des émissions de CO2 sur le climat. L’homme qui explique la fonte des neiges du Kilimandjaro par des phénomènes tectoniques. L’homme qui nous dit, en substance, ne faisons rien, on trouvera bien le moment venu un remède miracle au réchauffement climatique. C’est l’homme d’une pensée magique qui croit en la science non comme un scientifique, mais comme un religieux croit au miracle.
Il n’échappera à personne que son attaque survient dans un contexte de contre-offensive de ceux qui, après Copenhague, nient l’influence de l’activité humaine sur le climat. Une pensée régressive que nous sommes toujours prêts à dénoncer.
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Claude Allègre attaque Politis
Denis Sieffert, Politis, jeudi 20 mai 2010
L’ancien ministre s’estime diffamé par une tribune parue dans notre journal le 18 juin 2009. Le texte portait les signatures de huit personnalités du monde universitaire, scientifique ou associatif. Politis revient sur le fond des débats qui, depuis vingt ans, nous opposent à Claude Allègre. Et lance une pétition de soutien au journal.
À l’heure où nos lecteurs découvriront ces lignes, les auteurs d’une tribune publiée par Politis le 18 juin 2009, ainsi que le directeur de la publication, auront été mis en examen pour « diffamation publique envers un fonctionnaire public ». Ledit fonctionnaire n’est autre que Claude Allègre, dont Patrick Piro brosse le portrait dans les pages suivantes. Nous n’aimons guère l’adjectif « controversé » qui, dans tant de débats publics, sert à insinuer pour ne pas avoir à affirmer. Mais s’il s’applique à quelqu’un, c’est bien à Claude Allègre. L’homme est de nouveau, aujourd’hui, au cœur d’une controverse qu’il a lui-même provoquée en contestant violemment les travaux des climatologues qui nous mettent en garde contre les conséquences de certaines activités humaines sur l’avenir de la planète. Il est entré dans ce débat comme toujours, sans être trop regardant sur les moyens ni les arguments. Comme un mauvais rugbyman dans la mêlée : en piétinant ses adversaires. Contrairement à la présentation que l’on fait de lui dans certains médias complaisants,il n’est pas un « sceptique ». Le scepticisme ne peut pas plus s’appliquer aujourd’hui aux conclusions des climatologues du monde entier qu’à la rotondité de la terre. Ce que M. Allègre appelle improprement scepticisme, c’est l’incrédulité de l’ignorance. Et pire encore : l’exploitation de cette incrédulité par quelqu’un qui sait.
Mais, en juin 2009, lorsqu’est paru sous le titre « Claude Allègre : question d’éthique » le texte de Politis, l’important personnage avait une autre actualité. On parlait de lui comme ministrable dans le gouvernement Fillon. Il s’apprêtait à devenir dans le domaine des sciences et de l’éducation ce qu’Éric Besson, ancien socialiste comme lui, est à la solidarité et aux droits de l’homme. Aurions-nous, malencontreusement, interféré dans ce calendrier ? Serait-ce la cause de la colère de Claude Allègre à notre égard ? Quoi qu’il en soit, nous voulons dire ici que, ce texte, nous sommes fiers de l’avoir publié, et nous l’assumons pleinement aux côtés de nos sept amis – sept, hélas, et non pas huit, puisque Jean-Yves Barrère, emporté par la maladie, nous a quittés depuis. Ce texte, il peut se lire comme un bilan critique de toute une carrière. Mais aussi comme prémonitoire de la polémique sur le climat. Preuve de sa double actualité.
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Allègre en procès contre l’hebdomadaire Politis
Laure Noualhat, Six pieds sur Terre, jeudi 20 mai 2010
Claude Allègre fait (encore) des siennes. Cette fois-ci, c’est sur le terrain judiciaire que ça se passe. Suite à la publication d’une tribune un brin frondeuse dans Politis, l’ancien ministre de l’éducation nationale, grand pourfendeur des causes anthropiques du réchauffement climatique, a déposé plainte pour diffamation. Environ les deux tiers du texte sont concernés. Par exemple, des passages comme celui-ci : « Lui sont reprochés non seulement ses jugements à l’emporte-pièce sur des sujets hors de sa compétence scientifique ou ses erreurs de diagnostic dans sa propre sphère de compétence, mais aussi le caractère excessif de ses propos. », ou encore celui-là : « Qu’importe alors qu’il nie le rôle des activités humaines dans le changement climatique ou l’intérêt de désamianter Jussieu : l’essentiel n’est pas d’avoir raison et d’agir en conséquence, mais de provoquer. »
Hier, la juge d’instruction a vérifié l’identité des auteurs de ladite tribune avant de les mettre collectivement en examen. « Il y aura un procès dans plusieurs mois, cela prend du temps ces choses-là », a déclaré Benjamin Dessus, l’un des auteurs dudit texte à Libération. « Ce qui nous donne du temps pour constituer notre dossier, fourbir nos arguments, préparer les documents qui prouvent tout ce que l’on a écrit. »
En attendant ce procès qui promet d’être fameux, on peut signer une pétition pour soutenir Politis bien sûr, et les auteurs de ce texte, évidemment.
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Allègre contre Politis, le baroud du déshonneur
Denis Delbecq, Effets de Terre, vendredi 21 mai 2010
Ainsi donc, Allègre a-t-il choisi de s’en prendre à Politis. L’ancien ministre poursuit l’hebdomadaire pour « diffamation publique envers un fonctionnaire public » à propos d’une tribune parue le 18 juin 2009 (ça ne s’invente pas !) et titrée « Claude Allègre, une question d’éthique ». Les sept auteurs (le huitième, Jean-Yves Barrère est décédé depuis) et le directeur de publication Denis Sieffert seront donc poursuivis pour avoir relaté les aventures passées d’Allègre, et notamment la célèbre affaire du volcan La Soufrière de Guadeloupe en 1976 (1).
A la lecture du texte de Sieffert annonçant la mise en examen, j’ai contacté la rédaction du journal. Etonné que j’étais du délai qui sépare les faits et le lancement de la procédure. Car pour une diffamation “de droit commun”, il y a - si ma mémoire est bonne - un délai de prescription de trois mois. Mais à Politis, on m’a précisé qu’il n’y a pas de prescription pour la « diffamation publique envers un fonctionnaire public ». L’hebdomadaire a lancé une pétition de soutien, que j’ai signée hier. A l’heure où j’écris ces lignes, 1822 personnes ont apposé leur paraphe électronique.
Pourquoi s’en prendre ainsi à Politis ? Pourquoi pas au Monde, à Libération, et en particulier à son journaliste Sylvestre Huet qui vient de signer un vigoureux pamphlet (2) ? Pourquoi pas contre Médiapart et ma consœur Jade Lindgaard, qui avait comparé, en février 2010, Allègre à un certain Jean-Marie Le Pen, ou contre moi-même qui avait écrit la même chose en septembre 2009 dans ces modestes colonnes, après la parution d’une tribune de l’ex-ministre dans Nice-Matin ? Et surtout, pourquoi Allègre a-t-il attendu tant de temps (3) pour saisir la justice ? Voulait-il être sûr que son avenir politique dans la sphère Sarkozienne était définitivement enterré avant de remettre l’« Affaire de la Soufrière » sur le tapis ?
Personne n’a de réponse à ces questions. Mais en portant le débat sur le terrain de la justice, Allègre offre un inespéré coup de pub à l’indispensable hebdomadaire. C’est toujours cela de gagné !
(1) Geneviève Azam, (économiste, université Toulouse-II), Jean-Yves Barrère (économiste, fondateur du Cedetim, décédé en juillet dernier), Denis Clerc (fondateur d’Alternatives économiques), Benjamin Dessus (économiste, président de Global Chance), Jean Labrousse (ancien directeur de la météo nationale), Gus Massiah (président du Crid), Michel Mousel (ancien délégué aux risques majeurs), Jacques Testart (biologiste).
(2) L’imposteur, c’est lui – Réponse à Claude Allègre, de Sylvestre Huet, Editions Stock, 198 pages, 12€.
(3) C’était dans les tuyaux depuis janvier mais la convocation pour la mise en examen n’a eu lieu que mercredi.
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Le journal Politis attaqué par Claude Allègre
Julien Kostrèche, TerraEco.net, vendredi 21 mai 2010
L’ancien ministre de Lionel Jospin s’estime diffamé par une tribune publiée il y a près d’un an dans les colonnes de l’hebdomadaire Politis. Ce texte, paru sous le titre « Claude Allègre : question d’éthique », est signé par huit personnalités (1) du monde universitaire, scientifique ou associatif. Il met en cause Claude Allègre dans la gestion du différend qui l’a opposé à Haroun Tazieff en 1976 lors de l’éruption du volcan guadeloupéen de la Soufrière. Le volcanologue estimait qu’il n’y avait pas de danger immédiat, Claude Allègre considérant au contraire qu’il y existait un risque d’éruption magmatique justifiant une évacuation de la population. Par précaution, les autorités ont décidé d’évacuer l’île. L’éruption majeure n’a pas eu lieu. Mais la querelle entre les deux hommes ne s’est jamais éteinte. Ils se sont retrouvés au tribunal en 1991. Et c’est justement sur des témoignages entendus lors de ce procès que les auteurs de la tribune de Politis se basent. Ils soupçonnent Claude Allègre d’avoir exercé des pressions sur ses équipes et manipulé des données scientifiques qui auraient donné raison à Haroun Tazieff.
Politis prend l’attaque en diffamation de l’ancien ministre suffisamment au sérieux pour lancer une pétition de soutien. Denis Sieffert, son directeur de la publication, dit en tout cas « assumer pleinement » les lignes qu’il a publiées il y a un an dans son journal. Et s’interroge : à l’époque, le 18 juin 2009, « on parlait de lui comme ministrable dans le gouvernement Fillon […] Aurions-nous, malencontreusement, interféré dans ce calendrier ? Serait-ce la cause de la colère de Claude Allègre à notre égard ? » Avant d’enfoncer le clou sur la controverse qui l’a opposé depuis aux climatologues : « Contrairement à la présentation que l’on fait de lui dans certains médias complaisants, il n’est pas un “sceptique”. Ce que M. Allègre appelle improprement scepticisme, c’est l’incrédulité de l’ignorance. Et pire encore : l’exploitation de cette incrédulité par quelqu’un qui sait. »
(1) Geneviève Azam, (économiste, université Toulouse-II), Jean-Yves Barrère (économiste, fondateur du Cedetim), Denis Clerc (fondateur d’Alternatives économiques), Benjamin Dessus (économiste, président de Global Chance), Jean Labrousse (ancien directeur de la météo nationale), Gus Massiah (président du Crid), Michel Mousel (ancien délégué aux risques majeurs), Jacques Testart (biologiste)
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Claude Allègre porte plainte contre Politis
Adéquations, vendredi 21 mai 2010
Claude Allègre a porté plainte contre le directeur de publication de Politis et les huit signataires (1) d’une tribune parue dans ce journal le 18 juin 2009 sous le titre Claude Allègre : question d’éthique.
Cette tribune, publiée au moment où l’intéressé passait pour « ministrable » et susceptible d’entrer au gouvernement Fillon, met en cause le comportement de Claude Allègre dans l’affaire de l’éruption du volcan de la Soufrière, à la Guadeloupe en 1976. Une violente polémique avait à l’époque opposé Haroun Tazieff, le célèbre volcanologue, qui considérait qu’il n’y avait pas de risque particulier, et Claude Allègre lui-même, directeur de l’Institut de physique du globe, qui soutenait que l’éruption présentait un danger majeur pour les populations.
La tribune incriminée laisse entendre que Claude Allègre savait, ou a rapidement su, qu’il n’existait en réalité pas de menace sérieuse, mais qu’il s’est volontairement abstenu de le reconnaître parce que (d’après un témoignage en justice cité dans l’article) « le maintien de l’état d’urgence était plus favorable à l’octroi de crédits pour l’université ».
Les signataires de l’article citent d’autres exemples laissant supposer des manquements à la déontologie de la recherche scientifique et estiment en conclusion qu’« il est pour le moins surprenant que le parcours scientifique de Claude Allègre soit régulièrement balisé par de telles affaires (…) ».
Cette actualité judiciaire prend évidemment une dimension particulière au moment où Claude Allègre joue un rôle de premier plan dans un nouvelle polémique, très virulente : « L’homme est de nouveau, aujourd’hui, au cœur d’une controverse qu’il a lui-même provoquée en contestant violemment les travaux des climatologues qui nous mettent en garde contre les conséquences de certaines activités humaines sur l’avenir de la planète », écrit Denis Sieffert le 20 mai dans Politis. De fait, de nombreuses voix se sont élevées pour critiquer les arguments à l’aide desquels Claude Allègre entend réfuter les thèses du GIEC sur la réalité du réchauffement climatique et sur l’origine anthropique de ce réchauffement, voire pour déceler, dans son ouvrage L’Imposture climatique, des manipulations de chiffres et de courbes (2)…
Politis a lancé une pétition de soutien, à signer en ligne : « Depuis le 19 mai, Denis Sieffert, directeur de la publication de Politis, et sept auteurs du texte Claude Allègre, question d’éthique sont mis en examen. Je soutiens Politis et les auteurs de cette tribune contre les tentatives d’intimidation de Claude Allègre. Je demande le retrait de la plainte, et je me prononce pour un débat public avec Claude Allègre sur les sujets abordés dans le texte incriminé. »
Notes
(1) Geneviève Azam, (économiste, université Toulouse-II), Jean-Yves Barrère (économiste, fondateur du Cedetim), Denis Clerc (fondateur d’Alternatives économiques), Benjamin Dessus (économiste, président de Global Chance), Jean Labrousse (ancien directeur de la météo nationale), Gus Massiah (président du Crid), Michel Mousel (ancien délégué aux risques majeurs), Jacques Testart (biologiste).
(2) Voir par exemple la présentation de l’ouvrage L’Imposteur c’est lui. Réponse à Claude Allègre, de Sylvestre Huet, journaliste à Libération.
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Allègre poursuit Politis pour une affaire vieille de trente ans
Sophie Verney-Caillat, Rue89, mardi 25 mai 2010
Claude Allègre est un personnage imprévisible. Il n’a pas répondu en justice aux attaques particulièrement nombreuses sur son livre, se laisse comparer à Jean-Marie Le Pen, mais décide de poursuivre l’hebdomadaire Politis qui tire à 30 000 exemplaires pour une tribune parue en juin 2009 (oui, il y a presque un an), parce qu’elle évoquait l’affaire du volcan de la Soufrière, premier épisode de la guerre avec le célèbre vulcanologue Haroun Tazieff.
Tout juste nommé directeur de l’Institut de physique du globe, en 1976, Claude Allègre aurait surestimé le risque pour les populations voisines du volcan guadeloupéen, en demandant et obtenant leur évacuation… pour rien, puisque le volcan n’est pas entré pas en éruption.
La tribune dans Politis, signée par sept personnalités du monde économique et scientifique, met en cause l’éthique d’Allègre à travers l’épisode de la Soufrière, pendant lequel le scientifique a été accusé de manipulation de données.
Haroun Tazieff avait été condamné en 1990 pour diffamation pour avoir dit qu’Allègre avait inventé la présence de « verre frais » dans les cendres de l’éruption, dans le but de maintenir l’état d’urgence, plus favorable à l’octroi de crédits pour l’université.
Denis Sieffert, directeur de la publication de Politis, remarque que cet épisode volcanique est « fondateur dans la carrière de Claude Allègre, c’est le moment où il commence à prendre des libertés avec la science et à entrer en politique. »
Une affaire « relativement incompréhensible »
La tribune, publiée alors que le nom d’Allègre circulait pour une éventuelle nomination au gouvernement, termine par une mise en garde : « Avant de nommer Claude Allègre à de hautes fonctions liées à la science, on voudrait se persuader que le président de la République n’a aucune crainte de voir son poulain verser à nouveau dans de semblables dérives… »
Claude Allègre n’hérite d’aucun maroquin ministériel mais publie en février un livre « L’imposture climatique » (Plon) dont les ventes sont estimées, au dernier recensement, à 130 000 exemplaires.
Cet opus donne lieu à un pamphlet du journaliste de Libération Sylvestre Huet : « L’imposteur, c’est lui - Réponse à Claude Allègre » (Stock), réponse méthodique à chacun des arguments du pourfendeur des thèses sur le réchauffement climatique. Le livre déclenche une pétition de centaines de climatologues qui en appellent à leurs tutelles pour faire taire le bruyant Claude Allègre.
Pour le directeur de la publication de Politis, Denis Sieffert, convoqué devant le juge jeudi dernier avec les sept signataires de la tribune, cette affaire est « relativement incompréhensible ». Le journaliste a deux hypothèses : « La première, c’est qu’il ne nous aime pas depuis très longtemps, parce que sur les OGM, le nucléaire et l’écologie en général, on pense à l’opposé de lui et de ses thèses scientistes. La seconde est que cette tribune lui a nui à un moment où il était ministrable, que Fillon et Sarkozy se sont dit en nous lisant “encore un personnage à emmerdement”. »
Allègre « n’est pas procédurier »
Claude Allègre n’a pas souhaité s’exprimer sur cette poursuite en diffamation et a laissé son attachée de presse en expliquer la logique : « Les propos sur la Soufrière ont déjà été condamnés il y a bien longtemps. Politis a repris ces propos et Allègre a décidé de ne pas les laisser passer. Mais Dieu sait qu’il est pas procédurier, il est très au-dessus de ça, d’ailleurs les attaques sur son bouquin il s’en fout, il n’a pas de temps à perdre avec ça. »
Reste à comprendre pourquoi Claude Allègre n’a pas demandé de droit de réponse. À Politis, on s’étonne : « Normalement, on commence comme ça et si on n’obtient pas gain de cause, on va en justice. »
La plainte a été déposée dans le délai des trois mois suivant la publication de la tribune, mais la procédure a été longue et les sept scientifiques et le directeur de la publication n’ont été convoqués en vue de leur mise en examen que ce mois-ci.
L’avocat de Claude Allègre, maître Michel Pezet, assure que son client « n’a rien contre Politis, le journal n’est que le support, il n’est pas dans la ligne de mire. » N’empêche qu’il pourrait être mis en danger s’il était condamné à de lourds dommages et intérêts. Et qu’il a du coup lancé une pétition de soutien, déjà signée par 5 000 personnes depuis jeudi (3750 visibles sur le site de la pétition, les autres en attente de validation).
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Soutien à Politis contre Claude Allègre. L’hebdo est mis en examen pour diffamation
Olivier Bonnet, Plume de presse, dimanche 30 mai 2010
Quoi ? Claude Allègre attaque Politis ? Le Politis entre autres de nos chers camarades Bernard Langlois et Sébastien Fontenelle ? Ah mais ça ne va pas se passer comme ça ! « Depuis le 19 mai, Denis Sieffert, directeur de la publication de Politis, et sept auteurs du texte « Claude Allègre, question d’éthique » sont mis en examen. Je soutiens Politis et les auteurs de cette tribune contre les tentatives d’intimidation de Claude Allègre. Je demande le retrait de la plainte, et je me prononce pour un débat public avec Claude Allègre sur les sujets abordés dans le texte incriminé. » Voilà, la pétition est là, allez la signer. Et on ne discute pas !
Pardon ? Vous voulez quand même un peu plus de détail ? Bon. « Huit personnalités du monde économique et scientifique nous rappellent certains épisodes oubliés de la carrière de celui qui est une nouvelle fois pressenti pour entrer au gouvernement de François Fillon. Édifiant ! », annonce le chapeau de l’article en question, daté de juin 2009. Ignorant les passages jugés diffamatoires par l’homme au sourcil unique, voici les trois accusations du texte de Politis : « derrière ce caractère volontiers provocant, derrière ces affirmations qui choquent la grande majorité de la communauté scientifique, il y a aussi un problème de respect de la déontologie la plus commune, comme en témoigne l’affaire de la Soufrière, aujourd’hui bien oubliée, mais premier témoin des dérives dangereuses du personnage. Le 8 juillet 1976, le volcan de la Soufrière, à la Guadeloupe, entre en éruption (...) Deux thèses s’opposaient en effet, celle d’Haroun Tazieff, alors chargé de la volcanologie à l’Institut de physique du globe (IPG), considérant que la nature phréatique de l’éruption excluait tout danger immédiat, et celle de Claude Allègre, considérant que l’on pouvait reconnaître dans les premières manifestations du volcan les prémices d’une éruption magmatique imminente justifiant pleinement une évacuation immédiate et massive. (...) Pierre de touche de la polémique, la présence ou non de « verre frais » dans les cendres de l’éruption, marqueur d’un épisode magmatique extrêmement dangereux. Et là, on apprend, à l’audience d’un procès qui oppose Allègre à Tazieff en 1991, que « plusieurs témoins entendus ont affirmé que, dès le début septembre, Claude Allègre a su qu’il n’y avait pas de verre frais dans les prélèvements et que les éruptions constatées étaient de nature phréatique. Il aurait interdit aux témoins de le dire (témoignages de Rose-Marie Chevrier, François Le Guern et Danielle Dajlevic), parce que le maintien de l’état d’urgence était plus favorable à l’octroi de crédits pour l’université (témoignage Le Guern) » (...) En 1981, un jeune chercheur de l’IPG, dont Claude Allègre est le directeur, s’insurge contre une falsification, la construction d’une courbe sur des points prétendus expérimentaux dont les chiffres ne pouvaient pas être obtenus avec le matériel de l’IPG. De même, en 1981, M. P. Le Fort, géologue de Nancy, proteste auprès de la revue Nature contre une courbe qu’il considère comme « fabriquée » par Claude Allègre. »
Ajoutons que depuis la parution de ce texte, Allègre s’est à nouveau illustré : auteur de L’imposteur, c’est lui, le journaliste de Libération « Sylvestre Huet le prend en flagrant délit de manipulation de données, relate le site Ouvertures. Ainsi a-t-il produit à l’appui de ses thèses une courbe de température établie par Hakan Grudd, de l’université de Stockholm, mais la modifie pour le XXe siècle et l’extrapole pour le XXIe, procédé que l’intéressé qualifie de "trompeur et contraire à l’éthique" ». La conclusion à un autre journaliste scientifique, du Monde celui-là, Hervé Kempf : « A-t-on le droit de mentir effrontément ? Si l’on pèse son poids d’Audimat et que l’on va dans le sens de l’idéologie conservatrice, la réponse donnée par l’affaire Allègre est un oui tonitruant et très inquiétant. » (1) Voilà le genre d’individu qui se permet d’intenter un procès à Politis ! Alors, vous la signez, cette pétition ?
(1) L’art du mensonge, Hervé Kempf, Le Monde, mercredi 28 Avril 2010
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Climato-susceptible : Claude Allègre contre Politis
Manuel Domergue, Alternatives Économiques, n° 292, juin 2010
Claude Allègre, l’ancien ministre converti au climato-scepticisme militant, a porté plainte en diffamation contre l’hebdomadaire Politis et les auteurs d’une tribune publiée en juin 2009.
Les huit signataires ont été mis en examen. Parmi eux, on trouve des scientifiques de renom comme Jacques Testard ou Benjamin Dessus et des responsables d’ONG comme Gus Massiah, ancien président du Crid, ou Geneviève Azam, du conseil scientifique d’Attac. Ainsi que Denis Clerc, le fondateur d’Alternatives Économiques. Leur texte critiquait en particulier le comportement de Claude Allègre au moment de l’éruption du volcan de la Soufrière en Guadeloupe en juillet 1976.
Alors président de l’Institut de physique du globe de Paris, il avait prédit à tort une éruption magmatique imminente, contre l’avis du vulcanologue Haroun Tazieff, provoquant ainsi l’évacuation de 75 000 personnes. Claude Allègre aurait, selon les auteurs, dissimulé ensuite les preuves de son erreur. Une pétition est lancée pour soutenir Politis et les auteurs de ce texte.
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Le Président de Global Chance attaqué pour diffamation par Claude Allègre
Comité de Liaison des Énergies Renouvelables, mardi 1er juin 2010
Le 18 juin 2009, le journal Politis publiait une tribune signée par huit personnalités du monde scientifique, universitaire et associatif, parmi lesquelles Benjamin Dessus, spécialiste de l’énergie et Président de l’association Global Chance.
Ce texte retrace le parcours “scientifique” de Claude Allègre, notamment les nombreuses polémiques qui ont découlé de certains de ses jugements. Les auteurs de cette tribune dénonçaient par exemple son scepticisme scientifique envers la part de responsabilité humaine rattachée au changement climatique en cours.
Près d’un an plus tard, l’ancien ministre attaque le journal (les auteurs de l’article et le directeur de la publication) pour « diffamation publique envers un fonctionnaire public ». Pour faire front, Politis lance une pétition de soutien au journal et rappelle les éléments alimentant le fond du débat.
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Allègre vs Politis
Nouveau Parti Anticapitaliste, samedi 5 juin 2010
Claude Allègre, imposture scientifique vivante, s’est vu offrir lors de la sortie de son dernier livre tous les plateaux de télévision, émission de radio, interviews. Plus c’est gros, plus ça marche, c’est semble-t-il son credo, ainsi que celui des journalistes qui lui ont emboîté le pas. Mais Politis n’est pas de ceux-là. Le 18 juin 2009, alors qu’Allègre était encore ministrable, l’hebdomadaire a publié une tribune de huit chercheurs qui ont rappelé le passé peu glorieux de celui qui est à l’exactitude scientifique ce que Besson est à la solidarité avec les immigrés. Allègre a décidé de ne pas laisser passer ce crime de lèse-majesté et a attaqué en justice le directeur de la rédaction, Denis Sieffert, ainsi que les auteurs de la tribune pour « diffamation publique envers un fonctionnaire public ». Politis a lancé une pétition de soutien qui réclame le retrait de la plainte et « un débat public avec Claude Allègre sur les sujets abordés dans le texte incriminé. »
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Une tribune de Politis sur Claude Allègre publiée au mauvais moment
Capucine Cousin, www.20minutes.fr, mardi 15 juin 2010
L’hebdomadaire politique, attaqué pour « diffamation publique » après une tribune sur Claude Allègre, y consacre une réunion publique mardi soir...
Une tribune diffamatoire, ou tombée au mauvais moment pour Claude Allègre ? En tous cas, son impact a été bien plus important que n’aurait pu le penser l’ancien ministre socialiste et géochimiste. Ce mardi soir, l’hebdomadaire de gauche Politis organise à Paris, au théâtre de l’Est parisien, une réunion publique sur le thème « politique, médias et sciences : le cas Allègre ». Et près de 10.000 personnes ont signé une pétition de soutien en ligne à l’hebdomadaire. Rien de moins.
L’hebdo attaqué pour « diffamation publique »
Surprise, le 19 mai dernier, l’hebdomadaire Politis apprenait que son directeur de la publication Denis Sieffert était mis en examen pour « diffamation publique envers un fonctionnaire public », un an après la publication d’une tribune sur Claude Allègre. Même sort pour les 7 scientifiques co-signataires de cette tribune.
Attaque excessive de l’ancien ministre ? Le 18 juin 2009, Politis publiait une tribune intitulée « Claude Allègre : question d’éthique », co-signée par son directeur de la publication ainsi que par 7 scientifiques.
Une tribune qui passait en revue, sans concessions, plusieurs faux pas du scientifique. « Nous voulions montrer sa part d’ombre, ses casseroles, comme l’affaire du volcan de la Soufrière, en 1976 qui l’avait opposé au vulcanologue Haroun Tazieff. Dans laquelle il avait prédit à tort une éruption », explique à 20minutes.fr Denis Sieffert, directeur de la publication de Politis.
Mauvais timing pour Claude Allègre ?
Certes, il y a eu d’autres articles bien plus sévères depuis, notamment après la parution en mars 2010 de son dernier livre contesté, L’imposture climatique.
Seulement voilà : cette tribune n’est pas tombée au meilleur moment pour Claude Allègre. Alors qu’il était en lice pour décrocher un éventuel ministère, le texte attaquait bille en tête cette éventuelle nomination, estimant qu’elle suscitait « de nombreuses réticences de la part de membres de la communauté scientifique, du monde associatif, du monde de l’éducation, voire de personnalités politiques de divers bords ».
« Après cela, nous n’avons eu aucune manifestation de sa part, ni même une demande de droit de réponse. D’où notre surprise lors de l’annonce de cette mise en examen, le 19 mai. Il est vrai que cette tribune est très mal tombée pour lui », admet Denis Sieffert.
S’il a lancé cette pétition et l’organisation d’une réunion publique, l’hebdomadaire estime en faire avant tout une affaire de principe, pour rendre publique ces poursuites. « On voulait avant tout mobiliser notre lectorat et l’opinion publique. Au pire, on risque une condamnation à une amende importante », Denis Sieffert, peu inquiet cependant pour l’avenir du journal.
Politis qui compte 11.000 abonnés et en moyenne « 4 à 5.000 ventes hebdomadaires en kiosques », avait fait l’objet d’un appel à souscriptions en 2006.
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Allègre attaque Politis (suite)
Denis Sieffert, Politis, n°1216, jeudi 30 août 2012
Après bien des atermoiements de la partie adverse, qui nous avait d’abord donné à penser qu’elle se désisterait, et un premier report, nous avons à présent confirmation que le procès aura bien lieu les 20 et 21 septembre devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris.
Rappel des faits : Claude Allègre, ancien ministre de l’Éducation nationale du gouvernement Jospin, rallié ensuite à Nicolas Sarkozy, attaque Politis, coupable à ses yeux d’avoir publié, le 18 juin 2009, une tribune qu’il juge diffamatoire. Le texte incriminé, signé de huit personnalités du monde scientifique ou d’économistes (1), brossait le portrait d’un personnage controversé, souvent au centre de polémiques, guère regardant sur les moyens quand il s’agit de faire triompher son point de vue. Ils évoquaient, notamment, son comportement dans l’affaire du volcan de la Soufrière, en juillet 1976.
Depuis, l’homme a été au centre d’affaires à répétition. La dernière en date concernant évidemment la question du réchauffement climatique, dont Claude Allègre conteste, contre toute évidence, les causes inhérentes à l’activité humaine. Ce n’est jamais son point de vue que les auteurs du texte brocardaient, mais les méthodes employées. Dans toutes ces polémiques, il s’est davantage comporté en idéologue qu’en scientifique. Au fond, toute la critique tenait dans le titre de la tribune : « Claude Allègre, question d’éthique ». Mais ce texte tombait sans doute mal pour la carrière de l’ancien socialiste. On parlait alors de lui avec insistance pour rejoindre le gouvernement de Nicolas Sarkozy. Le rappel d’un certain nombre de « casseroles » dans ce contexte sensible a irrité l’ambitieux. C’est sans doute la raison de sa colère contre Politis. Beaucoup d’autres, scientifiques ou journalistes scientifiques, ont eu pour lui des mots beaucoup plus durs par la suite. Nous les avions réunis au cours d’une assemblée publique organisée le 10 juin 2010 au théâtre de l’Est parisien avec Mediapart et Terra Eco.
Aujourd’hui, les ambitions politiques de Claude Allègre sont en berne. Il ne lui reste plus que quelques espaces médiatiques pour déployer son activité acharnée de lobbyiste du productivisme. Il n’empêche, le procès se tiendra ! Le directeur de publication de Politis et les signataires de la tribune, défendus par Me Antoine Comte, comparaîtront donc les 20 et 21 septembre, à 13 h 30, au palais de justice de Paris. Nos lecteurs peuvent évidemment assister à l’audience.
(1) Geneviève Azam, Jean-Yves Barrère, Denis Clerc, Benjamin Dessus, Jean Labrousse, Gus Massiah, Michel Mousel et Jacques Testart. Hélas, Jean-Yves Barrère et Jean Labrousse nous ont quittés depuis.
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Allègre jette l’éponge !
Denis Sieffert, Politis, n°1219, jeudi 20 septembre 2012
À une semaine de l’audience, l’ancien ministre a annoncé qu’il renonçait à attaquer notre journal.
ll aura donc fallu un an à Claude Allègre pour attaquer Politis en diffamation à propos d’une tribune publiée le 18 juin 2009, et plus de trois ans pour y renoncer. Il semblerait, dans l’esprit de notre adversaire, que le temps ait arrangé les choses. Il était temps, en effet… car ce n’est que le 11 septembre, soit neuf jours avant l’audience prévue devant la 17ème chambre du tribunal de grande instance, et après quelques atermoiements (il y avait déjà eu un vrai-faux désistement), que l’ex-ministre de Lionel Jospin, et ex-postulant au gouvernement Sarkozy, a décidé de jeter l’éponge.
La vérité est sans doute ailleurs. Politis, conseillé par Me Antoine Comte, avait construit un dossier on ne peut plus solide. Les artisans en étaient évidemment les signataires de la tribune incriminée (voir encadré), et en premier lieu Benjamin Dessus, l’animateur de l’association Global Chance.
Plusieurs témoins, anciens collègues de Claude Allègre, devaient venir évoquer à l’audience les méthodes souvent discutables du géophysicien qu’ils avaient constatées ou expérimentées. Gageons que la perspective de cette confrontation ne l’enthousiasmait guère… En outre, les auteurs de la tribune offraient une image de compétence et d’intégrité peu contestable. Aucun d’entre eux n’avait eu affaire professionnellement à Claude Allègre. Leur itinéraire universitaire ou scientifique n’avait jamais croisé le sien. Ils n’avaient donc pas de comptes à régler. Personne ne pouvait douter que leur démarche fût guidée par le seul souci de la citoyenneté. C’est d’ailleurs cette légitimité qui avait conduit Politis à publier leur texte sans l’ombre d’une hésitation.
De plus, depuis 2009, la réputation de Claude Allègre a eu à souffrir des controverses dans lesquelles il s’est trouvé impliqué, en particulier en raison d’une approche plus idéologique que scientifique du débat sur le réchauffement climatique. En témoigne le succès de la réunion publique que nous avions organisée en juin 2010 avec Mediapart et Terra Eco, et à laquelle avaient pris part de nombreux scientifiques de renom international.
Le contexte a aussi changé du point de vue politique. En 2009, Claude Allègre était pressenti pour entrer au gouvernement de Nicolas Sarkozy. Ses ambitions ministérielles sont bien loin aujourd’hui. L’homme apparaît politiquement affaibli. Malgré une grande plasticité idéologique, on le voit mal revenir en cour auprès du nouveau pouvoir socialiste.
Résumons-nous : Claude Allègre avait tout à craindre d’une confrontation avec certains de ses pairs, et le rapport de force politique n’est plus en sa faveur. C’est assez pour l’avoir conduit au renoncement. Si ce désistement est évidemment un aveu de faiblesse, le lobbyiste n’en poursuit pas moins un combat d’arrière-garde entamé en 1992 avec l’appel d’Heidelberg (1). Il continue ainsi de nier obstinément les causes industrielles du réchauffement climatique.
Au terme (je crois qu’on peut le dire cette fois !) de cette affaire, Politis tient à remercier tous ceux qui nous ont soutenus et ont contribué à faire lâcher prise à notre adversaire. Les quelque dix mille signataires de la pétition lancée en 2010, nos amis de Mediapart et de Terra Eco qui nous ont prêté main-forte, et ceux qui nous avaient fait parvenir courageusement leurs témoignages pour le procès. Et, bien sûr, les auteurs de la tribune incriminée. Trois ans plus tard, ils n’ont pas une virgule à retrancher à leur texte.
(1) L’appel d’Heidelberg regroupait, au moment du Sommet de la Terre, à Rio, en 1992, des scientifiques qui dénonçaient « la naissance d’une idéologie irrationnelle qui s’oppose au progrès scientifique et industriel et nuit au développement scientifique et social ». Cet appel a marqué le point de départ d’un intense lobbying industriel paré des oripeaux du scientisme.
[sur l’appel d’Heidelberg, voir Les Cahiers de Global Chance, n°1, décembre 1992 (note de la rédaction de global-chance.org)]
Des signataires de renom (encadré)
La tribune parue le 18 juin 2009 dans Politis portait la signature de huit scientifiques et économistes de renom : Geneviève Azam, universitaire, économiste, membre du conseil scientifique d’Attac ; Denis Clerc, économiste, fondateur d’Alternatives économiques ; Benjamin Dessus, économiste, président de l’association Global Chance ; Gustave Massiah, économiste, membre du conseil scientifique d’Attac ; Michel Mousel, économiste ; Jacques Testart, biologiste, président de la Fondation Sciences citoyennes. Deux des signataires du texte nous ont quittés : Jean-Yves Barrère, économiste, disparu le 23 juillet 2009, et Jean Labrousse, ancien directeur de la Météorologie nationale, décédé le 9 juillet 2011.
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Allègre se débine, défoulons nous !
Jacques Testart, SciencesCitoyennes.org, lundi 24 septembre 2012
Suite à un article collectif publié dans Politis le 18 juin 2009, le sieur Claude Allègre, s’estimant diffamé, déposait une plainte tardive qui devait conduire le journal et les 6 survivants parmi les 8 coauteurs au tribunal de grande instance. C’était prévu pour le 20 septembre 2012 soit plus de 3 ans après les faits, Claude Allègre ayant tout fait pour repousser la confrontation en justice. Neuf jours avant ce procès, le plaignant a jeté l’éponge. C’est donc qu’il ne considère plus diffamatoires les qualificatifs utilisés dans l’article. Profitons-en ! Crions que le géologue, ancien ministre, s’est rendu coupable (c’était dans “l’affaire de La Soufrière”, dans les années 1970) de manipulation, de manque de déontologie, d’erreurs de diagnostics et de falsification de résultats… Bien-sûr, c’est au risque d’un nouveau dépôt de plainte mais le dossier en défense est prêt, et redouté par le bonhomme… Et cette plainte devrait être abandonnée dans 3 ans si sa fonction se limite à assure la quiétude du personnage entre temps ! La menace judiciaire semble efficace pour faire taire les critiques potentielles : il y a bien longtemps que les médias ne moquent plus Claude Allègre…
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À lire également sur le site de Global Chance, les comptes-rendus de la réunion publique « Politique, médias et science : le cas Allègre » organisée le 15 juin 2010 au Théâtre de l’Est Parisien.
l’intestin du mammouth, clé des climats du passé ?
La curiosité des climatologues est sans limite. En voici qui se penchent, le plus sérieusement du monde, sur le fonctionnement du système digestif du mammouth... Avec, en conclusion de leurs travaux, publiés lundi 24 mai dans la revue Nature Geoscience, ce qui est présenté comme une révolution conceptuelle.
Pour Felisa Smith (université du Nouveau-Mexique à Albuquerque), l’anthropocène - la période géologique actuelle, marquée par l’influence dominante des activités humaines - n’aurait pas débuté avec la révolution industrielle, comme généralement accepté, mais avec la colonisation de l’Amérique par les premiers chasseurs-cueilleurs, voilà quelque 14 000 ans !
Le rapport avec les intestins du laineux pachyderme ? Voilà 12 900 ans, le climat de l’hémisphère Nord a connu une brusque baisse des températures. La Terre sortait de sa dernière période glaciaire et se réchauffait lentement quand, brusquement, elle revint pour un millénaire à ses glaciales conditions précédentes...
« Dryas récent »
Grâce aux carottes de glaces prélevées au Groenland, les scientifiques savent que cette période dite du « Dryas récent » a connu une chute abrupte de la concentration de méthane (CH4) dans l’atmosphère. Précisons que ce puissant gaz à effet de serre est produit par l’activité microbienne dans les sols ou les marais mais aussi, pour une bonne part, dans le tube digestif des -herbivores.
Or l’essentiel de la « mégafaune » américaine - le mammouth, mais aussi le paresseux géant, le cheval, et une centaine d’espèces de grands herbivores - disparaît précisément peu avant ou au cours du Dryas récent, sans doute exterminé par quelques siècles de chasse intensive des « paléo-Indiens »...
À partir d’un certain nombre d’hypothèses sur la démographie et la fonction digestive de ces grands animaux, Mme Smith et ses coauteurs ont évalué le déficit d’émissions de CH4 causé par leur disparition : environ 10 millions de tonnes (Mt) annuelles. « La disparition de ces espèces pourrait donc avoir représenté 12,5 % de la réduction totale de méthane » observée dans les archives glaciaires au Dryas récent, écrivent ainsi les auteurs. Et avoir eu, du coup, un impact non négligeable sur la chute des températures à cette période.
Situer les débuts de l’anthropocène il y a quelque 14 000 ans plutôt qu’au XIXe siècle est-il bien sérieux ? Au début des années 2000, le climatologue William Ruddiman avait aussi tenté un changement de paradigme. Il avait proposé que l’augmentation de CH4 atmosphérique notée à partir de 4000 avant notre ère soit reliée au développement en Asie de la riziculture, très émettrice du gaz en question...
Cette théorie d’un anthropocène débutant en 4 000 avant J.-C. n’a jamais vraiment convaincu. Ces derniers travaux pourraient aussi ne récolter que le scepticisme de la communauté scientifique...
Stéphane Foucart, Le Monde, jeudi 27 mai 2010
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