De l’expérience ouvrière des risques au problème public des déchets nucléaires L’enquête filmique Condamnés à réussir comme catalyseur

, par   Marie Ghis Malfilatre

Cet article a été publié en 2019 dans la revue Sociologie et sociétés et est diffusé avec l’aimable autorisation de l’auteure, membre de Global Chance https://doi.org/10.7202/1074737ar

L’expérience des risques du travail ouvrier dans l’usine de traitement des combustibles nucléaires de La Hague, l’une des principales installations nucléaires en France, se constitue comme problème public dans les années 1970. Un des moments forts en est la réalisation clandestine du film Condamnés à réussir qui précipite la formation d’un public élargi autour des risques de cette industrie, dans un moment de compétition accrue pour la propriété du problème nucléaire. En renforçant la conscience des intérêts communs de ceux qui travaillent dans ce secteur et leur sentiment de responsabilité à l’égard de la population, en exprimant cette expérience collective dans une œuvre diffusée hors de La Hague auprès de divers auditoires, ce document a contribué, par le recours à un mélange d’enquête et de reconstitution fictionnelle, à dramatiser autrement le problème public de la production nucléaire.

Présentation du film
Un film de François JACQUEMAIN, 1976, 28 min

VOD : https://www.filmsdocumentaires.com/films/490-condamnes-a-reussir-nucleaire

Synopsis : Un jour les habitants et les élus des environs de la Hague, pointe ouest de la presqu’île du Cotentin, ont appris qu’on allait bâtir une usine sur le territoire de leur commune. Quelle usine ? Une usine de chaussures disaient les uns... une usine d’électronique disaient les autres... Sans consulter ni même prévenir les habitants, on a bâti une usine de traitement des déchets, qui avec Marcoule, est la seule au monde à retraiter le combustible irradié des centrales nucléaires.
Il en vient de toute l’Europe et même du Japon...

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