Jusqu’à la fin septembre, l’ASN “consulte” sur l’avis qu’elle entend donner à l’affaire des malfaçons. Poudre aux yeux et pseudo-démocratie ? Appel au secours d’une autorité incapable de prendre une décision forte, face aux pressions, y compris gouvernementales ? En tout cas, on aura compris qu’en France, le nucléaire, c’est d’abord une affaire politique... Que faire ?
Jusqu’à la fin septembre, l’ASN “consulte” sur l’avis qu’elle entend donner à l’affaire des malfaçons. Poudre aux yeux et pseudo-démocratie ? Appel au secours d’une autorité incapable de prendre une décision forte, face aux pressions, y compris gouvernementales ? En tout cas, on aura compris qu’en France, le nucléaire, c’est d’abord une affaire politique... Que faire ?
Comme elle l’avait annoncé au printemps, l’Autorité de Sûreté Nucléaire a donc lancé une « consultation publique » à propos de son avis concernant les malfaçons des calottes du futur EPR (calotte supérieure = couvercle, calotte inférieure = fond de cuve).
Et ce n’est pas une surprise, l’ASN déclare les 2 calottes bonnes pour le service, mais pour ce qui concerne le couvercle, il ne sera plus utilisable « au-delà d’un certain nombre d’années », sans plus de précisions, mais qui correspond en fait au temps nécessaire pour réaliser un nouveau couvercle…
En rouge, les calottes suspectes
C’est d’ailleurs ce qui était annoncé clairement dans l’introduction du rapport final de l’ASN, lorsque AREVA et EDF ont annoncé à l’ASN que le fond de cuve ne serait pas changé, pour des raisons de délai, de coût, et d’image du nucléaire français. Et pour ce qui en est du couvercle, puisque c’est possible plus discrètement, EDF pourra l’envisager…
Mais ce qui est beaucoup plus étonnant, c’est de voir l’Autorité de Sûreté Nucléaire soumettre son avis à consultation populaire : a priori, on devait penser que l’ASN était une « autorité » chargée d’assurer « au nom de l’État, le contrôle et la sûreté nucléaire […] », et donc capable de conclure. Les calottes sont-elles bonnes ou mauvaises ? Qui peut le dire, sinon l’Autorité de Sûreté Nucléaire ? Il faut dire que dans le même a priori, on devait penser que l’ASN était « indépendante », et l’on voit aujourd’hui jusqu’où peut aller cette indépendance. À moins qu’il ne s’agisse que de poudre aux yeux, de pseudo-démocratie : l’ASN n’a jamais exprimé qu’elle allait tenir compte des remarques.
Refaire le fond de cuve, avec les travaux de génie civil y afférant (destruction d’une partie du bâtiment réacteur) revient à un démarrage de l’EPR et à des travaux à l’horizon 2024 au mieux. C’est-à-dire après la fin du mandat actuel. Et lorsque l’on voit la soumission actuelle du gouvernement, entre un premier ministre ancien d’AREVA, un ministre de la Transition Écologique financé par EDF, on peut comprendre que l’ASN se déclare incompétente et remette sa décision à d’autres…Que l’on ne vienne pas après cela prétendre que le nucléaire n’est pas politique…
Que faire ? Eh bien, répondre à la consultation. Il y a déjà plus de 600 réponses. Nous avons devant les yeux un retard de travaux de plus de 8 ans, un coût multiplié au moins par 3 : aujourd’hui, le coût de l’EPR (10 milliards) représente près de 4000 éoliennes de 2MW (à 2,6 millions), ce qui fait une puissance installée équivalente à 4 EPR… Et tout cela alors que l’ASN exprime ses doutes dans le nucléaire français “le plus sûr du monde”… Concluez vous-même…
Cuve de l’EPR de Flamanville : « une atteinte inédite » à la sûreté nucléaire Yves Marignac et Jean-Claude Autret, « Avis minoritaire » relatif aux conséquences de l’anomalie de concentration en carbone des calottes de la cuve du réacteur EPR de Flamanville sur leur aptitude au service, mercredi 28 juin 2017