La Lettre de Global Chance, numéro II, second semestre 2017

Climat « et en même temps » nucléaire...

Au sommaire de ce numéro : le rôle crucial du méthane dans les politiques et mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les enjeux de la fermeture de Fessenheim et l’affaire de la cuve de l’EPR de Flamanville.

Sur cette page :
La Lettre de Global Chance, numéro II : Climat « et en même temps » nucléaire...
À découvrir également sur Global-Chance.org : nos dossiers et publications

CLIMAT « ET EN MÊME TEMPS » NUCLÉAIRE...

La Lettre de Global Chance, numéro II, second semestre 2017 (*)

Au sommaire :

Éditorial
 
Méthane
 
La sélection du webmestre

Téléchargement :

La Lettre de Global Chance, n°2 [420 ko, 4 pages, fichier pdf]

(*) la mise en ligne de ce numéro a été sérieusement retardée en raison de contraintes diverses : nous vous prions de bien vouloir nous en excuser...

(haut de page) (sommaire de la page)

Éditorial
« BUDGET CARBONE MONDIAL » ET MÉTHANE

L’accord de Paris sur le climat s’est fixé en 2015 comme objectif de réduire les émissions mondiales des principaux gaz à effet de serre (CO2, CH4, N2O) de façon à ne pas dépasser 2 degrés d’augmentation de la température de la surface terrestre depuis le début de l’ère industrielle. Cette température ayant déjà augmenté de 0,9 degré entre 1880 et 2010, l’objectif est donc de limiter l’augmentation future à 1,1 degré.

Pour traduire et synthétiser cette exigence, la notion de « budget carbone » s’est depuis quelques années imposée dans les media, chez les économistes et les décideurs, même si cette notion ne fait pas l’objet d’une définition bien figée, notamment au regard de la prise en compte, au delà du dioxyde de carbone (CO2), des autres gaz à effet de serre et plus particulièrement du méthane (CH4), trop souvent négligé dans les stratégies d’action envisagées ou mises en œuvre.

Or, il convient non seulement d’engager à l’échelle mondiale des politiques de réduction drastique de nos émissions de CO2 afin de parvenir à l’horizon 2050 à la « neutralité CO2 », mais aussi d’agir de façon rapide et déterminée sur nos émissions de CH4. En effet, le forçage radiatif de ce gaz à des horizons temporels intermédiaires est considérable (84 fois supérieur à celui du CO2 à 20 ans par exemple), ce qui lui confère une importance primordiale pour parvenir à rester effectivement dans les limites du « budget équivalent-CO2 » compatible avec les objectifs fixés par la communauté internationale, et éviter ainsi un “emballement” du dérèglement climatique en cours...

En savoir plus :
« Budget carbone mondial » et méthane
Benjamin Dessus & Bernard Laponche, document de travail, jeudi 14 décembre 2017
>
1. Le « budget carbone »
2. Étude de cas sur la base de 3 scénarios

(haut de page) (sommaire de la page)

Méthane
CLIMAT : AGIR, OUI, MAIS AGIR À BON ESCIENT !

En mars 2008, La Recherche publiait « Effet de serre, n’oublions pas le méthane » (1), dont la désignation comme « article du mois » soulignait assez la portée que lui accordait la rédaction de ce mensuel de référence consacré à l’actualité scientifique.

Benjamin Dessus (ingénieur et économiste, alors président de Global Chance), Bernard Laponche (expert en politiques énergétiques et membre fondateur de Global Chance) et Hervé Le Treut (climatologue, directeur du laboratoire de météorologie dynamique du CNRS), les trois auteurs de cet article, y lançaient une alerte d’importance au sujet de la mobilisation internationale face au dérèglement climatique : pour concevoir et évaluer les stratégies susceptibles d’être mises en œuvre afin de réduire les émissions globales de gaz à effet de serre, expliquaient-ils, les décideurs économiques et politiques se reposent sur des indicateurs scientifiques utilisés sans discernement, avec pour conséquence – gravissime au regard de l’enjeu – de focaliser à tort l’attention collective non seulement sur le seul dioxyde de carbone (CO2) mais aussi sur l’horizon symbolique du siècle (« 2100 »), et ce aux dépens d’une part du méthane (CH4), gaz à effet de serre simultanément caractérisé par son fort impact climatique (« forçage radiatif ») sa durée de vie relativement courte, et, d’autre part, d’horizons intermédiaires (2020-2050) pourtant identifiés comme cruciaux par le GIEC.

Dans cet article “grand public” comme dans « Réchauffement climatique : importance du méthane » (2) – sa version première, plus détaillée et approfondie – Benjamin Dessus, Bernard Laponche et Hervé Le Treut dénonçaient en particulier le fait que la notion d’« équivalent CO2 » soit en quelques années seulement devenue l’alpha et oméga des politiques de lutte contre le réchauffement climatique, et ce alors même qu’une analyse objective de son substrat scientifique – le PRG, pour « potentiel de réchauffement global » – révélait très rapidement que son usage effectif, devenu simpliste à force de simplification, introduisait au cœur des choix collectifs envisagés et/ou mis en œuvre pour prévenir le risque climatique une alarmante divergence d’avec les objectifs officiellement poursuivis, à savoir :

• en premier lieu, l’« objectif ultime » (mais non chiffré...) de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques adoptées en 1992 à Rio : « stabiliser [...] les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique », et ce « dans un délai suffisant pour que les écosystèmes puissent s’adapter naturellement aux changements climatiques, que la production alimentaire ne soit pas menacée et que le développement économique puisse se poursuivre d’une manière durable » (article 2)

• en second lieu, l’objectif (chiffré celui-là...) porté dans les négociations internationales par L’Union européenne dès 2007 et devenu depuis le sommet climat de Copenhague (COP15, du 7 au 18 décembre 2009) un “marqueur” politique de premier ordre : agir de façon concertée et équitable de façon à ce que « la hausse de la température de la planète reste inférieure à 2°C » (Accord de Copenhague, §1) à l’horizon 2100 par rapport à l’ère pré-industrielle.

En effet, dès la fin des années 1990 – avec en particulier l’adoption en 1997 du protocole de Kyoto (3), instaurant comme mode dominant d’action concertée la mise en place d’un marché international de « droits » d’émission chiffrés en « tonnes équivalent carbone » – et plus encore au cours des années 2000 – avec, dans le sillage de l’avènement d’un nouveau business, la finance carbone, la généralisation progressive de l’approche comptable retenue à Kyoto – les enjeux déterminants liés à la réduction des émissions de méthane tendent à être occultés dans les stratégies de lutte contre le réchauffement climatique au profit d’une focalisation croissante sur les émissions de dioxyde de carbone. Or, comme le rappelaient à bon escient Benjamin Dessus, Bernard Laponche et Hervé Le Treut dès 2008, la réduction des émissions de dioxyde de carbone, pour indispensable qu’elle soit, ne saurait à elle seule résumer les exigences multiples de la lutte contre le réchauffement climatique : les enjeux liés au méthane sont tout aussi fondamentaux, même s’ils sont minorés parce que les calculs qui le prennent en compte sont discutables. En effet, alors que le méthane est un GES dont l’impact climatique (forçage radiatif) est très élevé, sa “durée de vie” dans l’atmosphère est relativement courte (par rapport à la référence CO2) : le concept de PRG (Potentiel de Réchauffement Global) et, surtout, l’emploi généralisé du seul PRG à 100 ans conduisent donc à en sous-estimer l’importance dans la conception et la mise en œuvre d’une stratégie “climat” globale digne de ce nom (4). Une telle stratégie ne saurait de fait se focaliser sur le seul horizon de la fin du siècle, dans la mesure où les climatologues et le GIEC, s’ils préconisent avec constance de stabiliser à long terme (l’horizon 2100) les concentrations atmosphériques des différents GES et en particulier du CO2, insistent simultanément sur la nécessité absolue de demeurer, y compris à des horizons intermédiaires (période 2030-2050), en dessous de seuils de concentrations au-delà desquels le dérèglement climatique connaîtrait un emballement soudain...

Notes & références

(1) Effet de serre, n’oublions pas le méthane, Benjamin Dessus, Bernard Laponche et Hervé Le Treut, La Recherche, numéro 417, mars 2008
>
• Équivalent CO2
• Facteur temps
• Émissions réelles

(2) Réchauffement climatique : importance du méthane [420 ko, 7 pages, fichier pdf], Benjamin Dessus, Bernard Laponche et Hervé Le Treut, article primaire, mars 2008
>
• Les objectifs de la lutte contre le réchauffement climatique
• Comptabilité des émissions de méthane et « Potentiel de réchauffement global »
• Les dangers d’une utilisation trop directe du PRG
• Comparaison de deux actions de réduction des émissions de CH4 et de CO2
• Comparaison de politiques de réduction des émissions
• Que conclure de cette démonstration ?

Également disponible en anglais :
Global Warming : the Significance of Methane [540 ko, 7 pages, fichier pdf]
• Climate Change targets
• Taking methane emissions into account and the « Global Warming Potential »
• The dangers of using GWP too directly
• Calculating the GWP
• Comparison of two measures to reduce CH4 and CO2 emissions
• Comparison of emission reduction policies
• What are the conclusions of this demonstration ?

(3) Sur le processus de négociation climat, le protocole de Kyoto et la finance carbone, voir :

De l’influence du carbon lobby [55 ko, 5 pages, fichier pdf]
Pierre Cornut, in « Climat, énergie : éviter la surchauffe », Les Cahiers de Global Chance (en coédition avec le Courrier de la Planète), n°19, avril-juin 2004
>
• Le front du refus (1995-1997)
• Le Protocole de Kyoto au cœur du débat (1997-2000)
• Les négociations en otages (2001-2004)

Le marché du carbone au défi des réalités de la physique de l’atmosphère [385 ko, 9 pages, fichier pdf]
Global Chance, in « De Grenelle à Bali : avancées, incertitudes, contradictions et perspectives », Les Cahiers de Global Chance, n°24, mars 2008
>
• Les questions qui relèvent de la physique
L’ambiguïté de la notion d’équivalent CO2
L’indispensable prise en compte de la durée de vie des mesures de réduction envisagées

• Les questions qui relèvent de l’activité économique et du développement
Les pays industrialisés de l’annexe I
Les pays émergents et les PMA

Dix-huit ans de négociations sur le climat
Entretien avec Michel Colombier, in « Changements climatiques : s’adapter maintenant », Courrier de la Planète, n°89, novembre 2009

(4) Après avoir dès 2008 détaillé avec le climatologue Hervé Le Treut les graves conséquences politiques et stratégiques du mésusage du concept de PRG et démontré la nécessité impérative d’accorder au méthane une importance décisive dans les politiques publiques de lutte contre le changement climatique, Benjamin Dessus et Bernard Laponche ont apporté la même année plusieurs contributions décisives à la définition d’une stratégie mondiale d’action cohérente avec ce diagnostic. Il s’agissait, en se référant à l’objectif d’une augmentation maximale de 2° de la température moyenne de l’atmosphère d’ici 2100, de mieux analyser les potentiels existants et les trajectoires de réduction possibles, et surtout de construire une approche articulant les dynamiques spécifiques des différents gaz à effet de serre. Un chapitre de notre dossier thématique « Climat : n’oublions pas le méthane ! » est consacré à ces propositions précoces visant à définir une stratégie mondiale d’action pour le 21ème siècle.

(haut de page) (sommaire de la page)]

La sélection du webmestre
LE NUCLÉAIRE D’ÉTAT, DE CHARYBDE EN SCYLLA…

La fermeture de Fessenheim conditionnée par la mise en service de l’EPR d’Areva ?

Alors que la plus vieille centrale nucléaire française encore en activité, bâtie sur une faille sismique et en zone inondable, constitue une menace permanente pour les populations françaises et européennes, et que sa fermeture avait été promise par François Hollande en 2012, EDF a réussi à imposer au cours de la fin de mandat présidentiel du même François Hollande que la fermeture effective de Fessenheim soit désormais juridiquement conditionnée par l’entrée en service de l’EPR de Flamanville...

Et ce alors même que ce chantier ne cessait depuis son lancement en 2007 d’accumuler retards et malfaçons et que l’affaire d’État dite de la cuve de l’EPR (voir notre chronique plus bas) s’installait dans le paysage, nonobstant les efforts du couple « Lobby nucléaire – État atomique » pour occulter cette catastrophe industrielle, quitte à jouer les deus ex machina d’une succession d’acrobaties juridiques et institutionnelles dont le résultat est d’ores et déjà d’avoir porté « une atteinte inédite » à la sûreté nucléaire...

Rapports, analyses, tribunes, interviews, etc. : Global Chance et ses membres n’étant pas restés silencieux face à ce sidérant passage de relais atomique entre François Hollande et Emmanuel Macron, la rédaction du site a publié au cours du second semestre 2017 un nouveau Dossier de Global-Chance.org, « Fessenheim : à fermer... sans plus attendre ! » (cf. table des matières ci-dessous) tout en initiant un dossier de grande ampleur intitulé « Réacteur EPR : ni fait ni à faire », seuls les chapitres I et II sont pour l’heure visibles en ligne sur le site

(haut de page) (sommaire de la page)

Fessenheim : à fermer... sans plus attendre !
Rapports, analyses, tribunes, interviews, etc. :
Les enjeux de la nécessaire fermeture de Fessenheim, par Global Chance et ses membres

Nota bene : tous les liens de cette table des matières conduisent à la page du site consacrée à ce dossier thématique sur Fessenheim...

Introduction
2012-2017 : De promesses en reniements...

« Le changement c’est maintenant » ? Pas pour Fessenheim assurément !
François Hollande et la “fermeture” de Fessenheim : arrêt sur images

Chapitre I
La sûreté nucléaire en France après Fukushima

I.1. Tribunes et articles courts
I.2. Rapports, notes de travail et articles de fond

Chapitre II
Prolonger un parc nucléaire vieillissant ?

II.1. Tribunes, interviews et articles courts
II.2. Rapports, notes de travail et articles de fond
II.3. Infographie : « Stop au rafistolage ! »

Chapitre III
Fermer Fessenheim : une cause emblématique ?

III.1. Fessenheim : arrêt nécessaire
III.2. Chronique d’une fermeture annoncée
III.3. Falsifications d’Areva : la sûreté de Fessenheim compromise
III.4. Infographie : Fessenheim, la centrale qui cumule tous les risques

Chapitre IV
En arrière plan : la question du démantèlement

IV.1. Le démantèlement, un défi majeur pour l’industrie nucléaire française
IV.2. Repousser les échéances... pour dissimuler la réalité des coûts ?

Éléments de conclusion
Money Time for Fessenheim ?

Yves Marignac (interview vidéo) : Fermeture et démantèlement de Fessenheim
Nucléocratie : Emmanuel, Philippe et consorts, « en marche » pour l’atome...
Humour... très noir : In memoriam Fessenheim

(haut de page) (sommaire de la page)

Chronique d’un scandale d’État sans précédent
L’affaire de la cuve de l’EPR sur Global-Chance.org

De la mise à jour en 2015 de graves défauts de fabrication sur la cuve du réacteur EPR de Flamanville au tour de passe-passe juridique de la “validation” d’un équipement pourtant non conforme, une sélection chronologique de nos publications...

Défauts de fabrication sur la cuve du réacteur EPR de Flamanville-3
Yves Marignac, WISE-Paris Briefing, lundi 13 avril 2015

L’avenir bouché du nucléaire français
Benjamin Dessus, Alternatives économiques, n°347, juin 2015

EPR : l’histoire d’un désastre
Benjamin Dessus, AlterEcoPlus.fr, jeudi 11 juin 2015

EPR : les illusions perdues
Benjamin Dessus, Le Club Mediapart, mardi 8 septembre 2015

Arrêté sur la cuve de l’EPR : lorsque le gendarme ASN protège le délinquant AREVA... avec la complicité de l’État
Jean-Marie Brom, Le Club Mediapart, jeudi 18 et vendredi 19 février 2016

Affaire Areva : « La sûreté des réacteurs nucléaires français pourrait être remise en cause »
Yves Marignac (interview), LeParisien.fr, mercredi 4 mai 2016

L’Autorité de sûreté nucléaire : un gendarme digne de Courteline
Jean-Marie Brom, Le Club Mediapart, jeudi 15 juin 2017

Cuve de l’EPR de Flamanville : « une atteinte inédite » à la sûreté nucléaire
Yves Marignac et Jean-Claude Autret, « Avis minoritaire » relatif aux conséquences de l’anomalie de concentration en carbone des calottes de la cuve du réacteur EPR de Flamanville sur leur aptitude au service, mercredi 28 juin 2017

Vers un nucléogate français ?
Benjamin Dessus et Bernard Laponche, AlterEcoPlus.fr, mardi 25 octobre 2016

Malfaçons de l’EPR : Et l’Autorité de sûreté nucléaire a mangé son chapeau...
Jean-Marie Brom, Le Club Mediapart, dimanche 13 août 2017

Consultation de l’ASN sur l’EPR ?
Jean-Marie Brom, Le Club Mediapart, dimanche 13 août 2017

La périlleuse affaire de la cuve de l’EPR de Flamanville
Bernard Laponche, Le Club Mediapart, vendredi 8 septembre 2017

Peut-on détourner la réglementation quand on parle sûreté nucléaire ?
Bernard Laponche & Laura Monnier, Le Club Mediapart, vendredi 17 novembre 2017

(haut de page) (sommaire de la page)

pour aller plus loin...
CHANGER DE PARADIGME | LES DOSSIERS DE GLOBAL-CHANCE.ORG

Ci-dessous :
Changer de paradigme
Les Dossiers de Global-Chance.org
Autres publications de Global Chance

Changer de paradigme...

Énergie, Environnement, Développement, Démocratie :
changer de paradigme pour résoudre la quadrature du cercle

Global Chance, mai 2011

Les Dossiers de Global-Chance.org

Autres publications de Global Chance

Les Cahiers de Global Chance : 38 numéros / 1992-2016

Les Mémentos de Global Chance : 4 numéros hors-série / 2003, 2005, 2007 et 2009

(haut de page) (sommaire de la page)